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Traduction de la bande dessinée : La tyrannie des mots

Thèse par Bartholomew - Hulley
Sous la direction de Delesse, Catherine
thèse de doctoraten cours depuis 2018- Université Lorraine- Sciences du langage - traductologie
Nancy- France

Cette thèse cherche à comprendre, en proposant une vaste exploration des traductions de la bande dessinée franco-belge depuis 1988, les stratégies employées par les traducteurs pour le marché anglo-saxon. Au cœur de notre étude, leur traitement de l’oralité et la relation, ou non, avec les stratégies employées par les traducteurs d’autres medias multimodaux, notamment le théâtre, pour reproduire des dialogues crédibles des personnages dans un texte cible. Au théâtre, comme constate le traducteur Edmond Cary : "La notion de fidélité doit-elle nécessairement s’appliquer à la forme sémantique d’un texte et lui sacrifier la vie de ce texte […] ? […] le souci est de ne pas trahir l’auteur quant à l’effet produit sur le public. Un contresens peut passer la rampe : une fausse note risque de faire de la pièce un four." (50-52, 1985) En effet, l’effet produit sur le lecteur était la préoccupation du regretté Kim Thompson, traducteur et éditeur chez Fantagraphics, qui a souligné, en 2010, son désir d’éliminer tout ce qui « sounds goofy or weird or whatever » (sonne étrange ou maladroit ou quelque chose de ce genre) dans ses traductions de bande dessinée. Mais ce désir est-il universel ? Notre hypothèse présume que, en fait, en traitant des textes sources en tant que prose, la fidélité à la forme et au sens littéral est préférée à l’adaptation à l’oreille du lecteur cible. Par conséquent, on peut dire qu’il existe une sorte de tyrannie des mots qui inhibe la cohérence des textes cibles et, par extension, la créativité des traducteurs et éditeurs.Cette thèse vise à analyser les observations faites par Sinagra dans sa thèse récente, prolonger nos propres recherches sur le rôle participatif du lecteur et l’aspect illusoire du média (Cf. « La traduction de l’illusion de son dans la bande dessinée », 2014), mettre en évidence la pertinence des textes théoriques sur l’adaptation d’œuvres dramatiques dans l’univers de la bande dessinée et ainsi l’éloigner du domaine cinématique, interviewer des professionnels du secteur, analyser le succès commercial des traductions sur le marché anglo-saxon et les implications pour l’avenir.Notre travail se déroulera en deux temps. D’abord, nous sélectionnerons des titres ayant gagné au moins une nomination aux prix anglo-saxons pour la bande dessinée étrangère et ayant été traduit par les traducteurs les plus primés du neuvième art (Kim Thompson, Alexis Siegel, Randy Lofficier, Edward Gauvin, etc.) Ce corpus fera alors l’objet d’une analyse qui évaluera la distance entre traduction littérale et adaptation, entre calque et réécriture totale, pour chaque texte. Ensuite nous demanderons au grand public anglophone, soit en interview soit en ligne avec un logiciel de sondage, d’évaluer des extraits pour leur cohérence en leur demandant de porter une appréciation. - voir sur theses.fr

mots-clés : traduction

Cette thèse cherche à comprendre, en proposant une vaste exploration des traductions de la bande dessinée franco-belge depuis 1988, les stratégies employées par les traducteurs pour le marché anglo-saxon. Au cœur de notre étude, leur traitement de l’oralité et la relation, ou non, avec les stratégies employées par les traducteurs d’autres medias multimodaux, notamment le théâtre, pour reproduire des dialogues crédibles des personnages dans un texte cible. Au théâtre, comme constate le traducteur Edmond Cary : "La notion de fidélité doit-elle nécessairement s’appliquer à la forme sémantique d’un texte et lui sacrifier la vie de ce texte […] ? […] le souci est de ne pas trahir l’auteur quant à l’effet produit sur le public. Un contresens peut passer la rampe : une fausse note risque de faire de la pièce un four." (50-52, 1985) En effet, l’effet produit sur le lecteur était la préoccupation du regretté Kim Thompson, traducteur et éditeur chez Fantagraphics, qui a souligné, en 2010, son désir d’éliminer tout ce qui « sounds goofy or weird or whatever » (sonne étrange ou maladroit ou quelque chose de ce genre) dans ses traductions de bande dessinée. Mais ce désir est-il universel ? Notre hypothèse présume que, en fait, en traitant des textes sources en tant que prose, la fidélité à la forme et au sens littéral est préférée à l’adaptation à l’oreille du lecteur cible. Par conséquent, on peut dire qu’il existe une sorte de tyrannie des mots qui inhibe la cohérence des textes cibles et, par extension, la créativité des traducteurs et éditeurs.Cette thèse vise à analyser les observations faites par Sinagra dans sa thèse récente, prolonger nos propres recherches sur le rôle participatif du lecteur et l’aspect illusoire du média (Cf. « La traduction de l’illusion de son dans la bande dessinée », 2014), mettre en évidence la pertinence des textes théoriques sur l’adaptation d'œuvres dramatiques dans l’univers de la bande dessinée et ainsi l’éloigner du domaine cinématique, interviewer des professionnels du secteur, analyser le succès commercial des traductions sur le marché anglo-saxon et les implications pour l’avenir.Notre travail se déroulera en deux temps. D’abord, nous sélectionnerons des titres ayant gagné au moins une nomination aux prix anglo-saxons pour la bande dessinée étrangère et ayant été traduit par les traducteurs les plus primés du neuvième art (Kim Thompson, Alexis Siegel, Randy Lofficier, Edward Gauvin, etc.) Ce corpus fera alors l’objet d’une analyse qui évaluera la distance entre traduction littérale et adaptation, entre calque et réécriture totale, pour chaque texte. Ensuite nous demanderons au grand public anglophone, soit en interview soit en ligne avec un logiciel de sondage, d’évaluer des extraits pour leur cohérence en leur demandant de porter une appréciation.