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celui qui tient le pinceau

Jacques Samson

[2005]

Edmond Baudoin n’aimerait sans doute pas que l’on dise de lui qu’il est un créateur d’exception dans le territoire de ce qu’on a appelé la « nouvelle bande dessinée » en France et ailleurs. Ou encore que son parcours, aussi remarquable qu’atypique, a pu inciter nombre de jeunes auteurs (ceux de l’Association ou de plusieurs « labels indépendants » par exemple) à puiser au fond d’eux-mêmes les germes d’un renouvellement de ce moyen d’expression qui, par certains aspects, a longtemps tardé à s’ouvrir à des formes d’écriture en prise directe avec leur temps. Pareilles considérations le rendraient pour le moins inconfortable.

N’empêche… Quand on s’arrête à son itinéraire depuis le début des années quatre-vingt, il est impossible de ne pas y voir une démarche de précurseur, voire d’éclaireur, bien qu’une semblable idée paraisse cadrer assez mal avec une personnalité aussi réservée et peu encline à l’esprit d’école que la sienne. Sans faire de lui un chef de file, rappelons tout de même qu’en un temps où la chose était à peine imaginable, Baudoin a été l’un des rares auteurs de bande dessinée de sa génération à ne pas conformer sa production à la règle prépondérante de la série ou à la récurrence de personnages, pas plus qu’il ne s’est réellement livré à une logique de genres [1], ce qui était (et est toujours) loin d’être évident pour établir son nom et gagner convenablement sa vie dans la profession. Mais la reconnaissance et la recherche de l’aisance matérielle n’ont jamais semblé être des mobiles significatifs dans sa vie ; à ses yeux, l’accomplissement artistique relève d’abord et avant tout d’un face à face avec soi-même, loin de tout ce qui peut en détourner. On peut aussi remarquer que, depuis ses débuts et avec opiniâtreté, Baudoin a fait montre d’une prédilection pour le noir et blanc [2] auquel il a consacré l’usage prépondérant du pinceau, au point d’en faire une véritable signature. Là, comme ailleurs, il n’a certainement pas suivi les vents dominants.

Mais pour saisir avec plus d’exactitude les avancées de cet auteur bien peu conformiste (un rien rebelle peut-être ?), il faut tendre l’oreille à la voix singulière qu’il a fait émerger dans le monde de la bande dessinée. À l’époque de ses débuts, rares étaient ceux qui osaient revendiquer sans détour l’extravagance d’un propos axé sur l’expression du moi. C’est pourtant cette avenue qu’a d’emblée choisie Baudoin. Non par orgueil ou par esprit de bravade, mais simplement pour satisfaire un impératif besoin de dessiner et de dire, et aussi parce qu’il provenait d’un monde où la bande dessinée, bien qu’attractive, avait été à peu près absente. Ainsi, il s’appropriait la bande dessinée avec un regard neuf et foncièrement dépouillé de toute idée reçue à son propos, au risque d’ailleurs d’avoir à supporter longtemps le blâme d’être une sorte d’intrus dans le domaine [3]. Il en a résulté l’écriture intègre que l’on connaît, axée sur le bouillonnement de la vie − la vie comme valeur essentielle − et la précarité du moi − le moi comme question sans réponse, inlassablement posée.

En fait, il paraît tout naturel d’associer cette écriture au courant autobiographique très en vogue en bande dessinée depuis une bonne quinzaine d’années. Or, si un semblable rapprochement semble justifié, il est nécessaire d’en préciser la portée. Plutôt qu’une plongée narcissique au fond de soi, avec ce que cela peut trop souvent supposer de nombrilisme et de complaisance, la démarche de Baudoin s’intéresse surtout à la façon dont le fatras du monde résonne à travers l’émiettement de sa propre personne. C’est la raison pour laquelle ses récits, à la différence de ce qu’on retrouve habituellement dans l’univers autobiographique, font si peu de cas de la vie au quotidien. Son œuvre aux accents souvent métaphysiques, exhibant une conscience exacerbée de sa finitude, est orientée vers le témoignage des impressions, perceptions et émotions d’un homme délivré de toute attache, et submergé par la troublante ivresse de son temps de vie. Le parti pris d’inconnu qui s’en dégage atteste de l’effondrement global des certitudes, et d’abord de celles qui subsistent vis-à-vis de soi-même. On en veut pour preuve le fait que, ce qui s’offre au lecteur tel un « dessin-écriture » [4] au rendu si spontané, n’a pu éclore qu’au prix de sévères renoncements sur le plan personnel, que deux histoires − Le Premier Voyage [5] et Le Voyage [6] − relatent de manière à peine voilée.

« Je ne raconte pas une histoire, j’essaye de raconter une sensation plutôt. Est-ce qu’une sensation se ‘raconte’ ? Peut-être qu’en réalité on ne peut plus raconter d’histoire [7]. » Que peut-il bien rester à celui qui se définit comme « conteur de sensations » ? À celui qui « essaye de dire ces cassures, ces frottements, ces bouts d’existences, ces fragments d’histoires que nous ne maîtrisons plus [8] » ? Beaucoup plus qu’il n’y paraît à première vue. En fait, il reste − surtout − un état de vacance émotionnelle riche d’infinies possibilités narratives, point de rencontre idéal entre le projet de s’ouvrir à tout comme à rien, et un formidable médium : le pinceau flâneur, cet outil qui représente, pour Baudoin, l’authentique prolongement de sa réceptivité d’artiste, auquel il a confié au fil des ans la spécificité de sa voix [9]. Et l’un mis dans l’autre, pinceau et totale disponibilité, on comprend que ses histoires empruntent si fréquemment le tracé de la marche, parfaite métaphore de la liberté de pensée, d’exister, de ressentir, comme de l’extraordinaire attention au réel dont elles font leur pain.

*

C’est avec un corps délié et débordant de ferveur qu’Edmond Baudoin dessine. Il n’est certes pas exagéré de dire qu’il dessine de tout son corps, exactement comme Mallarmé a pu imaginer « penser de tout son corps » [10]. Mais dessiner avec l’engagement entier de ce que l’on est et de manière aussi dénudée constitue une activité à grand risque, celui notamment de s’exposer à un repli et une solitude toujours plus intenses. La bande dessinée pour Baudoin, c’est d’abord cela : une exigence souvent radicale d’indépendance et de liberté, seul moyen pour lui d’avoir accès à ces lieux neufs et ignorés de tous qui donnent infatigablement vie à son pinceau. Interrogé sur la manière dont il conçoit son activité de création, il répond : « Il faut aller là où cela nous semble impossible d’aller. C’est là, à cet endroit exactement, qu’il faut commencer à écrire. Là, à cet endroit, nous sommes plus vulnérables, donc plus ouverts [11]. » Cet ailleurs loge d’abord au fond de soi, mais il peut aussi inviter à des dérives plus lointaines. D’où le rôle crucial que jouent dans son œuvre les voyages (au Liban, au Japon, en Égypte, à Cuba, au Québec, au Chili, en Chine, en Colombie…) et les errances de toutes sortes. Pourtant, où qu’il aille, il n’est jamais que passant.

Au bout d’une main toujours tendue, le pinceau de Baudoin creuse un sillon de caractère introspectif que l’on sait tout particulièrement envoûté par la matérialité du corps et la fréquentation assidue du portrait. Une relation d’une intimité si totale avec le dessin forme dans le temps une constellation plastique et thématique sur laquelle on s’en voudrait de ne pas s’attarder quelque peu.

S’agissant du corps, on ne compte plus les moments de ses histoires dans lesquelles il intervient comme principe organique de tout l’ensemble, allant jusqu’à en faire le vecteur essentiel de le progression de l’histoire dans la page et dans le livre. Cela saute aux yeux que les bandes dessinées de Baudoin mettent fort peu l’emphase sur l’identité psychologique du personnage au profit de sa mouvance anatomique déclinée avec virtuosité à travers le récit ; du statut d’enveloppe narrative, le corps mute bien souvent chez lui en mobile purement expressif. L’observation et la pratique de la danse ont laissé ici de profondes empreintes. Par exemple, est-il seulement possible de résumer une histoire comme celle du Chemin aux oiseaux [12] sans d’abord parler des mouvements corporels de la fillette qui en est la protagoniste lorsqu’elle prend la pose, marche, court et vole, de vignette en vignette, en quête d’une improbable consolation ? Ailleurs, dans La Mort du peintre [13], la présence significative de corps fortement singularisés s’étale partout, obsédante, rythmée et dansante, comme inventoriée, au même titre que les paysages de Vitrolles et ses environs, lisibles pareillement à des physionomies souvent tristes et esseulées. Comment ne pas sentir très intensément, dans cet album, que le remuement des corps dans la cité, tel une déambulation finement chorégraphiée, paraît seul capable de ranimer un monde si précarisé par la misère sociale ? Autre part encore, dans Le Voyage, le récit n’en finit plus de porter les innombrables désinences du corps abasourdi du protagoniste livré à la brusque et déroutante virtualité d’une vie en rupture de ban. Dans cette œuvre ouverte aux déchiffrages les plus variés, Baudoin a concrétisé l’échappée dans l’univers de la création en crevant par le haut la tête du personnage principal, laissant s’engouffrer en lui le tohu-bohu du monde dans un afflux ininterrompu d’images et de sensations formidablement diversifiées [14]. A-t-on jamais observé plus saisissante transposition graphique de ce que peut signifier pour l’artiste, physiologiquement et mentalement, la vertigineuse synesthésie de l’effort créatif ? Avec Breccia, Bilal, Muñoz, Mattotti, Bézian, Guibert et quelques autres, Baudoin rejoint les auteurs de bande dessinée dont l’œuvre amène à ressentir le plus intensément la visualisation interne dont émane le dessin.

On l’aura bien sûr compris, l’extrême fascination pour les sensations corporelles qui émaille toute l’œuvre de Baudoin a un lien tout autre qu’accessoire avec la pratique physique du dessin avec le pinceau. Quand il affirme : « Je suis un conteur, un conteur qui fait de la peinture. Je travaille comme un peintre [15]. », il n’est pas question pour lui de hiérarchiser les rôles respectifs du pictural et du narratif dans son travail, mais bien d’exprimer une poétique de la bande dessinée, une façon de faire dans laquelle s’interpénètrent indistinctement le conteur et son pinceau. Il y a dans l’œuvre de Baudoin l’affirmation d’une idée forte transcendant toute la démarche, une pensée inédite du dessin − par surcroît de la bande dessinée − largement imputable à l’usage du pinceau. Cela se vérifie de manière plus probante encore, quand on sait qu’il dessine debout, certes pour mieux servir la fluidité du pinceau, mais surtout pour « sentir la totalité de [s]on corps [16] », ce qui ne peut manquer de se traduire de la façon que l’on a évoquée plus haut. Ajoutons à cela qu’il ne fait pas de crayonné, répétant et répétant le geste de la configuration recherchée jusqu’à ce qu’elle surgisse enfin avec son énergie et sa vérité propres. Dessin et mise à l’encre participent donc d’un acte parfaitement indivisible. Un labeur de cette nature « dépose » inévitablement sur la planche, et, bien que cette méthode paraît ne pas répondre d’évidence à un principe d’économie, elle a l’incalculable avantage de préserver le jeté du dessin, cette touche qui émancipe le trait d’une façon irremplaçable.

Dans un autre ordre d’idées, l’obsession du corps inlassablement modelé par le pinceau a trouvé dans la mise en scène du dessin d’après modèle vivant un cadre narratif particulièrement original qui a résulté en l’un des plus beaux albums de bande dessinée qui soit : Le Portrait. Il est impossible de ne pas y reconnaître la dynamique d’une autoreprésentation tant ce qui est montré d’un work in progress paraît se confondre avec la pratique de son signataire. Assez curieusement toutefois, ce qui paraît intéresser au premier chef Baudoin dans cette histoire, c’est moins la représentation de l’autre − annoncée dans le titre et pourtant étalée à pleines pages dans d’inoubliables galeries de portraits − que ce qu’on pourrait appeler l’autoreprésentation distante ou détournée, c’est-à-dire la mise en abîme non de l’auteur lui-même mais de la façon dont il s’incarne dans le projet artistique, en tant que sujet insinué au creux de l’histoire, caché derrière le personnage du peintre qui lui sert de blason [17].

Ce jeu central de présence-absence a fait l’objet de maintes déclinaisons dans son œuvre, la figure de l’auteur se trouvant parfois personnifiée à travers un conteur passablement ressemblant (Chroniques de l’éphémère [18]), ou sous les traits et l’attitude d’un marcheur s’apparentant plus étroitement aux siens (Le Chant des baleines), ou encore dans une apparition physique très ressemblante mais cette fois privée de ce qui permettrait le mieux de l’identifier : le visage (Les Yeux dans le mur [19]). Exposant bien davantage qu’un geste de pudeur, ces nombreuses figurations de soi mettent finement en jeu la problématique de l’autoreprésentation en bande dessinée, ce qu’ailleurs l’album Questions de dessin traduit avec autant d’intelligence autour des autoportraits de Rembrandt. Néanmoins, le véritable objet du portrait − fût-il de l’autre ou de soi − semble bien souvent épouser le faire du peintre, surtout quand, comme avec le pinceau, il implique toute une philosophie de vie [20]. Comme on l’a déjà suggéré, ce qui intéresse Baudoin n’est pas l’autobiographie en tant que telle, mais l’accès privilégié qu’elle offre à une présence extrême à la vie, en particulier à « la vie du dedans » quand elle est consubstantielle à un cheminement artistique. C’est cela qu’il énonce d’ailleurs dans la conviction qu’il a « que cette manière de s’exprimer [la bande dessinée] peut raconter beaucoup mieux ce qui se passe derrière la tête, plutôt que devant [21]. » Alors, rien de plus naturel que de vouer son œuvre à ce qu’on connaît le mieux : soi [22].

La présence insistante, dans l’œuvre de Baudoin, de l’atelier de l’artiste et d’un important questionnement sur la fonction de l’art ne doit certes pas dissimuler ce qu’elle porte également haut et fort : une passion immodérée pour le réel − qui est le signe des œuvres fortes − incarnée à travers la célébration lucide des gestes simples et innombrables de la vie. Dans la volonté sans cesse réaffirmée de ramener l’artiste, le peintre, le dessinateur, l’auteur de bande dessinée, à une réalité concrète et bien modeste, qui ne doit en aucun cas s’apparenter aux représentations mystifiantes qui circulent à leur propos, il faut aussi percevoir un hommage profondément humaniste rendu aux « gens de rien », à ceux qu’il reconnaît encore et toujours comme les siens, et dont les vies en marge de toute ostentation sont pourtant rien moins qu’inutiles [23]. Cela rappelle, une fois encore, l’un des enjeux majeurs de la création artistique : l’interpénétration de soi dans l’autre, et de l’anonyme dans le « je ». Mais on laissera, cette fois, le dernier mot à Edmond Baudoin : « Un des plus grands mensonges qui se perpétuent, c’est le mythe du créateur. (…) Tout seul on n’y arrive pas. (…) Je me sens toujours comme l’un des éléments, celui qui tient le pinceau ; mais autour il y a foule [24]. »

Jacques Samson

(Cet article a d’abord paru dans la livraison hors-série Art Press spécial, No.26 : Bandes d’auteurs, en 2005. Il a été légèrement actualisé et remanié pour la présente parution.)

[1] Au nombre de rares incursions dans la bande dessinée de genre, il faut compter le polar réalisé en collaboration avec Fred Vargas, Les Quatre Fleuves, éditions Viviane Hamy, coll. “Chemins nocturnes”, 2000.

[2] Il a mis du temps avant de s’aventurer dans l’univers de la couleur en bande dessinée (et du reste comme un peintre davantage que comme un coloriste) avec notamment Questions de dessin (Éditions de l’An 2, 2002), les trois albums parus dans la collection “Aire libre” chez Dupuis (Les Yeux dans le mur, en collaboration avec Céline Wagner, en 2003 ; Le Chant des baleines en 2005 et Les Essuie-glaces en 2006), L’Arleri (collection “Bayou”, Gallimard, 2008), Peau d’âne (collection “Fétiche”, Gallimard, 2010) et, tout récemment, son fameux Dalí (Centre Pompidou et Dupuis, 2012).

[3] « Longtemps on m’a dit, et on continue encore à me dire que ce que je fais, ‘ce n’est pas de la bande dessinée’. Je n’ai pas fait des écoles, je ne connais pas la ‘grammaire’ de la bande dessinée, je suis un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. » Entretiens avec Edmond Baudoin, Philippe Sohet, Mosquito, Saint-Égrève, 2001, p. 152 (ci-après EEB).

[4] La formule est de Dominique Hérody (« Baudoin : éloge de la dispersion », 9e Art, No.1, Angoulême, janvier 1996, p. 128-129).

[5] Futuropolis, coll. “Hic et Nunc”, 1987. Repris dans Les Sentiers cimentés, L’Association, coll. “Éperluette”, 2006).

[6] L’Association, coll. “Ciboulette”, 1996.

[7EEB, p. 137.

[8EEB, p. 94.

[9] C’est avec Le Premier voyage (1987) et surtout Le Portrait (Futuropolis, coll. “30-40”, 1990) que l’autonomie du pinceau s’est pleinement affirmée : « Pour la première fois y apparaît une véritable unité autour du pinceau : même le texte des bulles est écrit avec. » (EEB, p. 143).

[10] « Je crois que pour être bien l’homme, […] il faut penser de tout son corps − ce qui donne une pensée pleine et à l’unisson comme ces cordes de violon vibrant immédiatement avec sa boîte de bois creux. » (Lettre à Eugène Lefébure du 27 mai 1867. Œuvres, t. I, Gallimard, coll. “Bibliothèque de la Pléiade”, 1998, p. 720-721.) Cette citation de Mallarmé est d’autant pertinente pour notre propos que Baudoin met fréquemment en relation la peinture ou le dessin, tels qu’ils les pratique, avec la musique… voire avec le violon : « Le pinceau est très sensible à la main, au coude, au bras, à la tête. Il est comme une corde de violon. » (EEB, p. 143.) Voir aussi La Musique du dessin (Éd. de l’An 2, Angoulême, 2005).

[11EEB, p. 121.

[12] En collaboration avec Nadine Brun-Cosme, Seuil, 1999.

[13] Comprenant des dessins de Kamel Khelif, Z’éditions, Nice, 1993.

[14] Remarquons au passage que l’équivalence « tête crevée » / « ouvrir la tête » n’est pas sans rappeler l’hallucinante métaphore visuelle du Chien andalou (1929) de Buñuel : « œil crevé » / « ouvrir l’œil ».

[15EEB, p. 136.

[16EEB, p. 126.

[17] Une structure similaire a été explorée, à travers la présence du peintre Kamel Khelif, dans La Mort du peintre.

[18] 6 Pieds Sous Terre éditions, Montpellier, 1999.

[19] Treize ans après Le Portrait, Les Yeux dans le mur reprend ce dialogue avec un modèle féminin, mais en couleur cette fois et sans le couvert du personnage peintre ; un habile travail de restriction iconique y camoufle le visage de Baudoin, ne laissant apparaître celui-ci qu’en fin de récit sur un dessin en noir et blanc, intégré à la planche en tant que collage, réalisé par la modèle et cosignataire de l’album, Céline Wagner.

[20] « Écrire, peindre ou dessiner : il n’y a pas de différences. (…) Je fais du dessin et de l’écriture, je suis sûr que l’un enrichit l’autre (…). Pour les Chinois du XVIIe siècle, on ne pouvait pas être calligraphe sans être écrivain, peintre et philosophe. » EEB, page 129.

[21EEB, p. 150.

[22] « À mon avis, il n’y a qu’un sujet, soi. Alors l’autre, le modèle, le sujet (…), c’est quelqu’un qui nous révèle. Le modèle entre dans le tableau par le passage en soi. » Artistes de bande dessinée (Conversations avec Barbier, Baudoin, Boilet, Duba, Fortemps, Mathieu, Neaud, Vanoli), collectif, Éditions de l’An 2, Angoulême, 2003, p. 15.

[23] « Toute vie est toujours absolument nécessaire au reste du monde. » EEB, p. 114.

[24EEB, p. 125.