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aspects documentaires 2012

Catherine Ternaux

La deuxième édition du Salon des Ouvrages sur la Bande dessinée (abrégé en SOB) s’est tenue à la Galerie Oblique (Paris 4e) du 30 novembre au 2 décembre 2012. Aux propositions de livres et revues se sont ajoutées conférences et expositions. Fort de son succès, le SOB réfléchit à investir un plus grand espace pour son édition 2013...

Organisé conjointement par la Galerie Oblique consacrée aux arts graphiques − et plus particulièrement au 9e art −, et Stripologie.com, librairie en ligne spécialisée dans les ouvrages sur l’histoire et la théorie de la bande dessinée, le SOB est un pari audacieux tant sa niche semble étroite. Mais peut-être, à l’instar de celle de Snoopy, recèle-t-elle des espaces et possibilités insoupçonnés...
L’édition 2012 était parrainée par Thierry Bellefroid et Denis Bajram, auquel une exposition était par ailleurs dédiée : planches de Cryozone ou d’Universal War One, œuvres de jeunesse, dessins crayonnés et encrés, originaux en couleurs de couverture... Quelques pièces étant disponibles à la vente.

un panel francophone
Étaient présents sur le Salon 371 titres de la production de quelque vingt-cinq éditeurs francophones − dont certains susceptibles d’être dédicacés par les auteurs présents −, des vidéos, et des revues telles que Bananas, Papiers Nickelés ou On a marché sur la bulle. L’organisation des tables de présentation par thématiques était judicieuse : usuels, monographies thématiques, manuels pratiques, histoire du 9e art, revues.
On pourrait souhaiter, pour la prochaine édition, une ouverture à l’international. Pour cette année était seul présent le Fumetto de M. Stefanelli (et ceci en raison de la participation du spécialiste italien au Salon) et G. Bono, alléchant pavé de plus de 500 pages fraîchement paru chez Rizzoli...
Un certain nombre des ouvrages parus en 2012 ont été commentés lors de la conférence qui clôtura le salon.

Plusieurs conférences se sont en effet déroulées sur les deux jours du week-end dans la salle d’un café adjacent à la galerie, salle remplie par un public motivé et attentif. Diverses thématiques ont été abordées, telles que celle de la science-fiction (avec Jean-Pierre Dionnet, Gérard Klein, Jean-Marc Lainé, Jean-Claude Mézières, Florian Rubis), un entretien avec Denis Bajram, un hommage à Moebius, des commentaires de planches, et une table ronde sur l’état du discours sur la bande dessinée.

mais où en est le discours sur la bande dessinée ?
Cette table ronde animée par Thierry Lemaire réunissait Harry Morgan, Matteo Stefanelli et Thierry Smolderen, qui se virent confrontés aux taraudantes questions suivantes : où en est la recherche d’une définition de la bande dessinée ? Ce questionnement est-il obsolète ou encore d’actualité ? La question de la genèse de la bande dessinée est-elle une fois pour toutes tranchée ?
La question de la légitimation du médium a également confronté des points de vue très différents et ne semble pour certains plus très d’actualité. Harry Morgan fait cependant remarquer que dans le milieu enseignant qu’il fréquente, la cause est encore loin d’être entendue.
Le débat s’est terminé sur la question de l’intégration de la bande dessinée dans le discours de l’histoire de l’art en général, offrant l’occasion à Thierry Smolderen de rappeler que les peintres qui ont amené la modernité dans l’art ont tous eu un pied dans le dessin humoristique du XIXe siècle.

la production documentaire en France
Profitons de l’occasion pour rappeler que, selon les rapports de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée), la production annuelle d’ouvrages documentaires sur la bande dessinée a plus que doublé en dix ans, passant de 38 en 2000 à 89 en 2011. Cette progression ne s’est pas faite régulièrement puisqu’elle a connu un pic de 2005 à 2007, avant de se stabiliser plus récemment.
• 2000 : 38
• 2001 : 46
• 2002 : 67
• 2003 : 69 (2,73 % de la production du secteur de l’édition BD)
• 2004 : 86 (2,8 %)
• 2005 : 89 (2,47 %)
• 2006 : 101 (2,45 %)
• 2007 : 85 (1,97 %)
• 2008 : 62 (1,31 %)
• 2009 : 75 (1,54 %)
• 2010 : 77 (1,49 %)
• 2011 : 89 (1,67 %)
tous les bilans de l’acbd

Ces chiffres ne prennent pas en compte les travaux universitaires (mémoires de master, thèses), qui s’autorisent de plus en plus à fréquenter la bande dessinée, abordant le médium sous différents angles. Pour en avoir confirmation, il suffit de consulter l’espace thèses et mémoires de neuviemeart2.0.

sur le salon des ouvrages sur la bande dessinée.

Rappelons à tous les spécialistes ou curieux qui désirent consulter des ouvrages ou revues disponibles ou épuisés, qu’ils sont les bienvenus à tout moment de l’année au Centre de documentation de la Cité !

Catherine Ternaux