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hommage : arzach vu par miguelanxo prado

Antonio Altarriba

En janvier 2010, le musée de la bande dessinée présentait l’exposition Cent pour Cent : à l’invitation de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, une centaine d’auteurs du monde entier rendaient hommage, par une planche inédite, à une planche originale choisie dans les collections du musée d’Angoulême. Trois auteurs avaient choisi de revisiter l’œuvre de Mœbius. Miguelanxo Prado avait posé son regard sur Arzach. Son hommage est commenté par Antonio Altarriba.

Quand Prado débutait dans la bande dessinée, l’ombre de Mœbius portait déjà très loin, et ses premiers travaux ne sont pas sans évoquer le monde fantastique du maître. Il s’empare ici de l’une des pages fétiches de son ample œuvre, pour nous en proposer une version personnelle. Il respecte la structure de la page et son agencement, tout comme la symétrie en miroir entre les bandes supérieure et inférieure. Il modifie peu de choses et c’est pour cela que chaque variation se charge de signification. Il fait glisser le chromatisme vers les tons ocre et vert. Il remplace les hachures à la plume par une mise en couleur au pinceau, donnant à l’ensemble une plus grande fluidité.
Mais la charge du ptérodactyle disparaît ici pour laisser place à un rival, en compétition aérienne avec le personnage principal. Dans cette version, il y a mort d’homme, et par conséquent une plus grande cruauté. Pire encore, le héros ne s’émeut pas de ce drame mais s’en délecte jusqu’à, dans la dernière case, brandir le majeur pour marquer son mépris. Trente-cinq ans après, Arzach est devenu cruel, voire cynique. Aujourd’hui, on ne respecte plus rien. Pas même la mort d’un ennemi.

Antonio Altarriba

la planche en profondeur avec le procédé Hozoom.