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hommage : le garage hermétique vu par jean-claude götting

Christian Rosset

En janvier 2010, le musée de la bande dessinée présentait l’exposition Cent pour Cent : à l’invitation de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, une centaine d’auteurs du monde entier rendaient hommage, par une planche inédite, à une planche originale choisie dans les collections du musée d’Angoulême. Trois auteurs avaient choisi de revisiter l’œuvre de Mœbius. Jean-Claude Götting avait posé son regard sur Le Garage hermétique. Son hommage est commenté par Christian Rosset.

Le Garage hermétique de Mœbius a pu être perçu en son temps comme une œuvre d’avant-garde : novatrice, ouverte, radicale, repensant carrément la « forme bande dessinée ». Cette planche de Jean-Claude Götting, reprenant la totalité du dialogue, marquant sa proximité avec celui auquel il rend hommage tout en préservant l’essentiel de ce qui fait son style, donc sa différence, met en évidence que l’intemporalité du monde où le Major ne fait que passer autorise toutes licences et proscrit tout enfermement dans un mode de lecture univoque.
Reste cette exclamation inattendue, ce « carrément » final qui fait époque plus que tout autre signe dans la page. Il faut, sans doute, le prendre pour ce qu’il est : une marque d’humour intempestif mémorisée comme toute trace qui surgirait de manière manifeste, sans crier gare, à l’instant de l’écriture. Avec cet habillage rétro, projetant le Major dans un univers d’une modernité dépassée, l’effet paraît d’autant plus ironique et même carrément jubilatoire.

Christian Rosset

la planche en profondeur avec le procédé Hozoom.