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doctor strange

François Peneaud

[janvier 2010]

Moins d’un an après la création du personnage de Spider-Man, Stan Lee et Steve Ditko collaborèrent également sur une série qui, pour des raisons différentes, a tout autant marqué l’histoire de la Marvel. Parue le même mois que le troisième numéro d’Amazing Spider-Man, l’anthologie [1].

Strange Tales n°110 contient la première apparition d’un personnage aux antipodes du (presque) réalisme adolescent d’un Spider-Man ou de la science-fiction familiale des Fantastic Four. En effet, Dr. Strange, Master of Black Magic ! [2] (une traduction littérale donnerait donc « Dr. Étrange, Maître de la Magie Noire ! ») nous entraîne en cinq courtes pages dans un univers inquiétant, obéissant à des lois mal définies et habité par des créatures tout droit sorties du sommeil de la raison.

Strange Tales n°110, Juillet 1963

Les premières cases dégoulinant d’une pluie à la Will Eisner introduisent un homme souffrant de graves cauchemars. Il décide de s’adresser au mystérieux Dr. Strange, qui l’accueille sans surprise dans sa demeure tibétisante et déclare qu’il va pénétrer dans les rêves de cet homme, ce qu’il fait après avoir rendu visite sous forme ectoplasmique à son mentor âgé vivant à l’autre bout du monde. Il rencontrera une silhouette à cheval, le bien nommé Nightmare [3], et découvrira le secret des cauchemars de son ‘client’.

Strange est dépeint comme un homme élancé et élégant, au visage fermé et à l’accoutrement lui aussi bien différent des costumes collants des super-héros : tunique bleue, gants et large ceinture de tissu orange, médaillon autour du cou. Et il n’est pas tout jeune, à en juger d’après les bandes de cheveux blancs qui lui décorent les tempes. Si de nos jours, les neuf dixièmes des super-héros ont entre la vingtaine et la trentaine, les personnages des années 1960 comptaient nombre de quadragénaires et de quinquagénaires.

Une autre caractéristique de cette bande saute aux yeux : personne, pas même le lecteur, ne sait qui est Dr Strange, et son origine ne sera relatée que plusieurs mois après sa première apparition. Cela dit, les éléments de base sont déjà bel et bien présents : le personnage principal, s’il n’a pas encore tous ses attributs (pas de cape pour l’instant), est reconnaissable, le type d’ennemi qu’il affronte également, le mentor, qui n’a pas reçu son nom définitif et est simplement appelé « Maître », a déjà la tête d’un vénérable centenaire, et Ditko crée dès les premières pages une ambiance noire qui sépare cette bande de celles des autres personnages Marvel.

De la même façon que les Fantastic Four devaient beaucoup à leurs débuts aux courtes histoires de monstres de SF qui les avaient précédés chez Marvel, Dr Strange a une dette évidente envers les courts récits fantastiques et d’horreur sans suite qui remplissaient auparavant les pages des titres anthologiques, que ce soit pour ses thématiques ou simplement les structures de ces premières histoires. La présence d’un personnage récurrent va évidemment faire toute la différence.

Lee et Ditko vont travailler pendant plusieurs années ensemble sur ce titre. Ditko ne le quittera qu’au numéro 146 [4], à la mi-1966, Lee ayant pour de bon abandonné le scénario et les dialogues quelques mois auparavant. Entre temps, ils auront bâti ce qui peut être vu comme l’un des premiers romans graphiques sérialisés de l’histoire de la bande dessinée américaine [5].

En effet, les numéros 110 à 146 de Strange Tales (Dr Strange n’apparaissant pas dans les n°112 et 113) peuvent être en gros divisés en deux parties : la première, qui va jusqu’au n°129, est généralement une série d’histoires courtes sans suite, avec divers personnages récurrents ; la deuxième, et la plus impressionnante artistiquement parlant, constitue un seul et long feuilleton de presque 200 pages [6], sur lequel nous allons revenir.

Strange Tales n°130, Mars 1965

Mais regardons d’abord comment se fait l’évolution du personnage et de sa représentation dans la première partie.

Du côté du scénario, une routine va se développer rapidement, avec l’alternance d’apparitions quasi uniques d’adversaires doués de magie plutôt mineurs et de retours réguliers de quelques ennemis, comme Nightmare (n°116 et 122), et surtout le Baron Mordo (n°111, 114, 117, 121 et 125), apparu dans la deuxième histoire de Dr Strange, double maléfique et pathétique du héros. Il est intéressant de noter que, comme pour la première histoire, celle introduisant Mordo ne se situe pas à la première rencontre entre Mordo et Strange, mais sous-entend un lourd passif entre les deux hommes. Et ce passif est explicité dans Strange Tales n°115, qui propose enfin à ses lecteurs l’origine de Dr Strange. En quelques mots, celui-ci était un chirurgien réputé mais uniquement motivé par la gloire et l’appât du gain. Suite à un accident, les nerfs de ses mains sont abîmés, et il perd tout. Un voyage aux tréfonds de l’Asie à la recherche d’un mystérieux sage susceptible de le guérir l’amène à rencontrer « The Ancient One » (l’Ancien), et à devenir son disciple en magie, au grand dam du précédent disciple de l’Ancien, le Baron Mordo, qui en concevra une haine inextinguible pour son ex-mentor et son rival. Stephen Strange [7] est donc un homme qui a suivi un chemin de rédemption, où le principe de plaisir est remplacé par le principe de réalité, l’égoïsme par le dévouement. Contrairement à ses collègues super-héros de l’époque, Strange n’a quasiment pas de vie privée (il partage sa maison avec son serviteur Wong), la première femme de la série n’apparaissant que tard, sans que leur romance ne s’épanouisse avant le départ de Lee & Ditko. Strange reste pendant longtemps plus une fonction qu’un homme, et ce n’est probablement pas sa personnalité qui a tant captivé les lecteurs. La série a pourtant eu du succès, puisqu’elle a vu sa pagination augmenter progressivement, passant à huit pages avec l’origine de Strange, et à dix pages à partir de Strange Tales n°125.

Strange Tales n°115, Décembre 1963

Lee introduit petit à petit des éléments qui vont devenir caractéristiques du personnage : en plus de ses attributs personnels offerts par son mentor, comme la cape de lévitation ou le médaillon renfermant un œil métallique capable de jeter sur ses adversaires une lumière crue (métaphoriquement et littéralement), Strange dispose d’un arsenal de mémorables formules magiques, telles que les « vapors of Valtorr » (vapeurs de Valtorr), « hoary hosts of Hoggoth » (hôtes blanchis de Hoggoth), « crimson bands of Cyttorak » (bandes pourpres de Cyttorak) ou « shades of the Seraphim » (ombres des Séraphins) – ainsi que le « Book of Vishanti », un livre contenant toutes les connaissances magiques, et qui jouera un grand rôle dans l’univers Marvel au fil des décennies. Car le Dr Strange a les deux pieds fermement plantés dans l’univers Marvel, même s’il opère le plus souvent très en dehors des terrains de jeux habituels de Spider-Man ou Daredevil, héros urbains par excellence. Lee prend en effet le soin de faire très tôt apparaître son personnage dans d’autres séries [8], tandis que d’autres héros viennent faire un tour dans ses propres aventures [9].

Ditko va quant à lui donner une identité visuelle très forte au personnage et au monde dans lequel celui-ci évolue. Nous avons mentionné la présence dès le premier numéro d’une scène qui n’aurait pas détonné dans une des bandes du Spirit de Will Eisner. L’aspect noir de Dr Strange (au sens de « film noir ») ne se démentira pas par la suite, Ditko utilisant souvent des cases bien plus plongées dans l’obscurité que ce que l’on pouvait voir à l’époque chez Marvel. Mais c’est un élément visuel spécifique qui va le relier pour de bon au Spirit, celui de la fenêtre du mausolée habité par le Spirit au cimetière de Wildwood. Recouverte de croisillons courbes, cette fenêtre apparaît très tôt dans Dr Strange (au second numéro), tout d’abord dans le monastère de l’Ancien, avant de trouver sa place définitive sur les murs de la demeure si reconnaissable de Strange (n°117) à Greenwich Village. Elle deviendra un des leitmotivs de la série, au même titre que la tenue du personnage principal – et elle est loin d’être le seul. Tout le langage corporel mis en œuvre par Ditko dans son travail se retrouve ici, magnifié par l’ambiance plus grande que nature de la série (par opposition au cadre quotidien des aventures de Spider-Man) : son utilisation de cases concentrées sur une partie du corps est d’une efficacité narrative redoutable, comme on peut le constater avec ces nombreux visages à moitié baignés d’une énergie surnaturelle, ou ces innombrables mains aux doigts tordus dans d’improbables configurations aux propriétés occultes. Il faut cependant reconnaître que ce qui a le plus marqué les lecteurs de l’époque ne se situe pas du côté des personnages eux-mêmes, mais des décors : la représentation par Ditko des dimensions étranges que traverse Strange au fil de ses aventures prend au fil des numéros une épaisseur et une capacité d’évocation à nulle autre pareille. Des mondes que n’auraient pas reniés un Escher ou un Dali, semblant bâtis sur du sable mouvant, où tout le talent de Ditko pour le grotesque pouvait se déployer.

Strange Tales n°126, Novembre 1964

Aussi impressionnant et cohérent que soit le travail de Ditko illustrateur, ce dernier ne s’est pas cantonné à ce rôle, en particulier dans la seconde partie de la série. Non seulement Stan Lee travaillait suivant la « méthode Marvel », comme celle-ci a été désignée par la suite, c’est-à-dire en fournissant un synopsis de l’histoire pour n’écrire les dialogues qu’une fois l’histoire dessinée, mais Ditko est référencé comme « co-plotter » (co-auteur de l’intrigue) à partir du n°135 et pour plusieurs numéros. Il est d’ailleurs très probable qu’à un moment ou à un autre, Lee, faisant confiance à ses collaborateurs et débordé par le nombre de séries sur lesquelles il travaillait (désirant peut-être aussi passer à autre chose), se soit mis à laisser Ditko prendre la série en main pour de bon [10]. Après tout, il n’y a pas vraiment d’autre exemple d’une histoire se déroulant sur autant de numéros chez Marvel à l’époque (plus de deux ans de Strange Tales, tout de même). Voyons donc maintenant pourquoi cette longue histoire mérite que l’on s’y attarde.

Le début de cette histoire incite le lecteur à se demander si Lee et Ditko n’avaient pas prévu les choses de longue date : dès le numéro relatant l’origine du héros, il est fait mention dans les incantations mystiques d’un « dread Dormammu » (l’effroyable Dormammu), parmi les autres entités dont les magiciens tirent leurs pouvoirs. La première page du numéro 130 nous montre Mordo, encore lui, conversant avec un être mystérieux à travers une fenêtre interdimensionnelle, leur pacte apportant à Mordo des capacités bien supérieures à celles qu’il possède habituellement – dans le but, bien sûr, de détruire Strange.

Il faut dire que le lecteur avait rencontré le dit Dormammu, démon humanoïde à la tête enflammée, dans une histoire en deux parties (n°126-127), qui sert donc de prologue à la saga des numéros 130 à 146. Celui-ci est en fait le maître incontesté d’une dimension constamment menacée par des créatures sans esprit (« The Mindless Ones », les Incérébrés), et se verrait bien régner sur la Terre. Strange l’affrontera, et son aide sera nécessaire à Dormammu pour repousser les Incérébrés libérés par une jeune femme restée anonyme durant cette histoire, et qui, intriguée par Strange, souhaitait qu’il reste en vie. Dormammu jure alors de ne pas attaquer directement la Terre, acquérant par là une certaine noblesse qui sera refusée par les scénaristes à Mordo, simple agent de Dormammu dans la suite de l’histoire.

On comprend donc que Lee et Ditko mettent en place une mécanique implacable dans ce feuilleton : Strange ne fait pas le poids face à un Mordo soutenu par Dormammu. Il doit fuir les sbires de son vieil ennemi à travers le monde, alors que l’Ancien a été blessé par Mordo et ne lui est d’aucune aide… ou presque. Le vieux sage murmure tout de même quelque chose à propos d’un « Eternity » que devrait rechercher Strange. La deuxième ligne directrice est alors en place : Strange fuit, mais en même temps, il essaie de rassembler des renseignements sur cette entité qui lui est inconnue. Cette saga va donc tout d’abord prendre la forme d’une quête qui donne l’occasion à Ditko de croquer des villes comme Londres ou le Caire, et de faire sortir son personnage des décors américains qu’il fréquentait principalement. Et puis, surtout, de créer quelques personnages visuellement mémorables comme Éternité, qui s’avérera être une gigantesque silhouette habitée par un univers tout entier. Dans le genre entité cosmique, on fait difficilement mieux. Mais avant de découvrir cet être à qui il demandera son aide, Strange est confronté à une série d’épreuves où son intelligence lui sera au moins autant utile que ses pouvoirs de magicien.

Strange Tales n°138, Novembre 1965

La tension entre la fuite en avant et la quête semée d’indices ténus va animer toute cette histoire, et ne se résoudra que dans un fascinant retournement de situation : Strange, à qui Éternité a refusé son aide (pour de bonnes raisons), décide de faire face à Mordo et Dormammu. Quand Dormammu défie Strange d’homme à homme, le conflit sur fond de décor cosmique est alors ramené à un plan bien plus prosaïque qu’on ne s’y attendait, celui de l’affrontement à mains nues, dans un schéma que l’on pourrait qualifier de primitif, sans que cela soit péjoratif. Encore une fois, Dormammu se verra trahi par son propre code de l’honneur, quand il décide de laisser la vie sauve à Strange après que celui-ci a subi une attaque par traîtrise de Mordo, qui le paie d’ailleurs cher. Si le baron est un être méprisable, ce n’est pas parce qu’il utilise son pouvoir à des fins d’enrichissement personnel, mais bien parce qu’il n’a aucune dignité. Il y a pire, comme morale.

Le conflit semble résolu quand, dans le n°141, Strange, remis, remporte la victoire de façon claire sur Dormammu. Mais celui-ci, qui avait découvert l’implication de la jeune femme de sa dimension, emprisonne celle-ci pour narguer Strange. On peut juger cette vengeance quelque peu mesquine. Mais les jeunes femmes étaient là pour être secourues, et ne servent encore malheureusement souvent qu’à cela.

S’ensuit un premier épilogue à la saga, durant lequel Strange est capturé par d’anciens acolytes de Mordo, et privé de ses pouvoirs, devra faire preuve d’une grande ingéniosité pour triompher. Si l’intrigue elle-même n’est pas franchement passionnante, la succession de situations difficiles est bien là pour démontrer une bonne fois pour toute que si le personnage de Strange est admirable, ce n’est pas tant pour ses pouvoirs que pour sa volonté de fer et ses qualités personnelles. Strange et Mordo sont bien les deux faces d’une même pièce.

Strange Tales n°138, Novembre 1965

Le vrai épilogue de cette longue histoire se déroule, bien logiquement, dans le dernier numéro dessiné par Ditko, d’ailleurs intitulé « The End at last ! » (La fin, enfin). Le fait que l’on puisse qualifier ce numéro d’épilogue est renforcé par la position de Strange dans cette histoire : il n’y est plus acteur, mais spectateur de sa vie, et autour de lui divers personnages tissent une toile qui le relie à lui. Dormammu décide d’affronter directement Éternité, et est annihilé. La jeune femme est libérée, et même si Strange et elle retournent chacun dans leur dimension respective, l’attirance réciproque est évidente. Son nom, Cléa, est enfin donné dans ce tout dernier numéro de Ditko. Le fait de ne nommer ce personnage qu’au moment du départ du co-créateur de Strange prend donc une signification certaine, marquant la fin d’une époque pour le personnage. Mordo lui aussi revient de l’exil imposé par Dormmamu et l’Ancien décide d’être désormais son geôlier. Strange assiste à tout cela, et sort finalement renforcé de sa longue lutte, qui ne prend pourtant pas fin. Les dernières cases le montrent, rompu de fatigue mais satisfait, prenant le chemin de sa maison et d’un repos bien mérité. Comment s’empêcher d’y voir un parallèle avec Steve Ditko lui-même ?
Cette saga où le triangle Strange/Mordo/Dormammu prend toute son importance possède, on le voit donc, plusieurs des caractéristiques d’un roman : une intrigue aux lignes directrices fortes, des personnages marquants qui évoluent au fil des pages, une construction solide, et surtout, une prise en compte de la nécessité de ne pas revenir au statu quo des débuts, tout en proposant une fin ouverte.

Il est tout de même amusant que Steve Ditko ait semble-t-il (co-)créé l’un des tous premiers graphic novels sans que cela ait jamais été vraiment reconnu, alors que Will Eisner, qui a influencé Ditko, fut en 1978, soit une douzaine d’années après le départ de Ditko de Strange Tales, l’auteur de ce qui est maintenant considéré comme le premier vrai graphic novel (Un Contrat avec Dieu), même si cette opinion largement répandue résulte d’une vision quelque peu simpliste de l’histoire de la bande dessinée américaine. L’originalité des scénarios, les audaces graphiques et la volonté de raconter une si longue histoire dans le cadre de ce qui n’étaient alors que des magazines jetables montrent bien que le travail de Ditko et Lee sur Dr Strange mérite une place particulière au panthéon de la bande dessinée en général et des premières années de Marvel en particulier, qui ont vu une explosion de personnages dont bon nombre sont encore régulièrement sous les feux de la rampe, que ce soit en bande dessinée ou dans d’autres moyens d’expression. On peut par conséquent regretter que Steve Ditko n’ait jamais plus eu l’occasion de s’exprimer sur une si longue durée, et avec une telle cohérence.

Article publié dans neuvièmeart 2.0 en janvier 2010.

les livres de Steve Ditko.

Strange Tales n°146, Décembre 1963

[1Strange Tales accueillait au même moment les histoires solos de la Torche Humaine, personnage tiré des Quatre Fantastiques, parfois accompagné de la Chose. À noter que quelques temps après le départ de Ditko, ce titre verra arriver Jim Steranko sur Nick Fury, Agent Of S.H.I.E.L.D., une autre série qui marquera son temps.

[2] Il est amusant de noter que Strange est qualifié à ses débuts de « Master of Black Magic » (Maître de la Magie Noire), avant de se voir appelé « Master of the Mystic Arts » (Maître des Arts Mystiques). La magie noire n’était peut-être un très bon argument de vente.

[3] « Mare » vient d’un mot désignant un démon nocturne, celui de la célèbre peinture de Füssli, mais est également homonyme du mot anglais signifiant « jument », le personnage de Cauchemar étant donc littéralement une « jument de la nuit ».

[4] Non seulement Ditko a travaillé sur tous les numéros, mais il l’a le plus souvent fait sans encreur (du moins officiellement, ce qui était rare, et l’est encore, sur les séries régulières de Marvel ou DC). George Roussos, qui a travaillé sur les Batman des débuts, et a encré Kirby sur les premiers FF sous le pseudo de Bell, est donné comme encreur pour les n°122 à 125, et a participé à plusieurs autres numéros sans être référencé.

[5] Mais sûrement pas le premier. « The Monster Society of Evil », qui met en scène le personnage de Captain Marvel (celui qui hurle « Shazam ! »), publié dans Captain Marvel Adventures n°22 à 46 (1943-1945) sur un scénario de Otto Binder et des dessins de C.C. Beck, détient peut-être ce titre.

[6] L’importance de cette histoire, et ses ressemblances avec un vrai roman graphique, ont été suggérées en décembre 2005 par Steven Grant dans sa rubrique hebdomadaire Permanent Damage (voir sur comicbookresources.com).

[7] Encore un nom à allitération, marque de fabrique de Stan Lee : Reed Richards, Peter Parker, Bruce Banner, Matt Murdock, etc.

[8] Dans Fantastic Four n°27, par exemple, publié le même mois que Strange Tales n°121, donc moins d’un an après la création du personnage, et Fantastic Four Annual n°3, publié l’année suivante.

[9] Thor, créé un an avant Strange, lui rend visite dans Strange Tales n°123, et Strange lui rend la politesse quelques mois plus tard.

[10] Les scénaristes Roy Thomas, puis Dennis O’Neil, travailleront sur le script des derniers numéros de Ditko (n°143 à 146).