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"prise de tête" ou l’authentique narration numérique

Pouria Amirshahi

[avril 2011]

Ceci est une bande dessinée authentiquement numérique. Qu’est-ce que cela veut dire, authentiquement numérique ? Qu’elle ne peut pas exister sur le papier, qu’elle ne pourra jamais être éditée dans un album. Dans cette curieuse et fascinante création à la fois universitaire [1] et artistique, Anthony Rageul pénètre dans le chemin de la création et créé lui-même les sentiers nouveaux de la narration graphique numérique. N’en déplaise à Jean-Christophe Menu qui, à l’occasion des rencontres d’Aix en Provence de 2011 [2], et alors qu’il faisait très justement l’éloge d’un art qui n’avait pas forcément vocation à s’enfermer dans un livre (« la bande dessinée, cela peut se créer dans des cubes, sur un mur, sur un nain de jardin brisé... ») s’empressait de conclure « sauf sur les écrans. Internet, c’est le mal ! ». Question de génération, de culture ?... À voir. Mais reconnaissons qu’aux craintes multiples suscitées par les nouvelles possibilités de diffusion de l’écrit et de l’image s’ajoutent l’hermétisme coriace de bien des amoureux du livre, du tableau et de tous les arts matériels.
Alors dans ces cas où la nouveauté est perçue négativement, il vaut mieux s’écarter des idéologies a priori pour laisser la parole aux artistes et aux scientifiques d’abord. Jeune chercheur et jeune auteur, Anthony Rageul est de ces poissons-pilotes. neuvièmeart vous propose de le suivre dans ses propres tâtonnements... plus aboutis qu’on ne peut s’y attendre.

[1] Voir la thèse d’Anthony Rageul ici.

[2] Dans le cadre d’un entretien public animé par Jean-Philippe Martin.