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« mes publications deviennent des forums de discussion ». Entretien avec Silki.

Marius Jouanny

[février 2023]

Seulki Jung, plus connue sous le nom de Silki, est une dessinatrice-illustratrice et autrice de bande dessinée coréenne vivant en France qui publie la majorité de ses travaux sur Instagram et pour le journal en ligne Mâtin, quel journal !. Elle nous raconte son parcours et son activité sur les réseaux sociaux.

Toutes les illustrations de cet article proviennent des publications Instagram du compte @silkidoodle © 2021-2022

Quel est ton parcours de vie, de la Corée du Sud jusqu’à Angoulême ?

J’ai quitté la Corée en 2012, en passant un Bachelor illustration/arts appliqués pendant 4 ans en Inde. À ce moment-là, la bande dessinée n’était pas ma pratique principale, même si j’en dessine depuis l’enfance. Je suis arrivée en France en 2016, passant les deux premières années à obtenir un certificat de connaissance de la langue française avant d’intégrer le Master bande dessinée de l’ÉESI (École Européenne Supérieure de l’Image) d’Angoulême en 2018.

Comment en es-tu venue à te focaliser sur la bande dessinée plutôt que d’autres formes d’expression artistique ?

Tou·tes les auteurs et les autrices disent qu’ils et elles lisent de la bande dessinée depuis toujours. Mon parcours est assez banal de ce point de vue. Gamine, je lisais de la bande dessinée japonaise, coréenne et aussi européenne, ainsi que des BD éducatives et didactiques. Ceci dit, je n’ai pas toujours voulu devenir autrice de bande dessinée. En Inde, je pratiquais aussi beaucoup l’illustration, entre autres. Mon compte Instagram proposait au début de la peinture à l’huile, des acryliques, des illustrations. La BD ne représentait que 20% de ce que je publiais sur mon compte, mais je me suis concentrée dessus parce que c’est ce que les gens préféraient. Si, à l’avenir, les lecteurs et les lectrices apprécient davantage mon travail de peinture, je pourrais m’y remettre un peu. D’ailleurs, j’ai posté quelques dessins animés et ils sont davantage likés que mes bandes dessinées. Cela me motive à en faire d’autres, bien que ce ne soit pas le critère qui me guide le plus.

Quand as-tu commencé à publier des bandes dessinées sur les réseaux sociaux ?

J’ai commencé à publier sur Facebook pendant mes années à l’université en Corée du Sud. Au début, je faisais 200 likes, 600 dans le meilleur des cas. Puis un jour, un auteur coréen très connu a partagé mon compte, ce qui m’a fait gagner beaucoup d’abonné·es. J’utilise maintenant Facebook, Twitter et Instagram. Mais le public est surtout sur Instagram, donc je me concentre surtout dessus. Selon ce que je raconte, je mets beaucoup de hashtags pour pouvoir être repérée par de nouveaux lecteurs et de nouvelles lectrices qui les utilisent. Instagram propose qu’on paye pour avoir plus de visibilité, mais je ne le fais pas car je n’en ai pas les moyens.

Pourquoi t’es-tu portée dès le début sur l’autobiographie ?

J’ai du mal avec la fiction. C’est plus intimidant que l’autobiographie qui se base sur mes propres expériences plutôt que sur mon imagination. Au début, je publiais un strip sur des choses gênantes ou amusantes que je voyais au quotidien, sans la volonté de raconter ma vie. J’explorais les thèmes de la différence d’âge ou de genre. Puis, j’ai commencé par me dessiner en chien, parce que je voulais un personnage qui n’évoque pas un âge ou un genre particulier et reste assez inexpressif. Je voulais que le lecteur ou lectrice se concentre sur les dialogues et les gestes des personnages. J’ai ensuite cherché un animal qui soit au contraire très expressif comme je le suis parfois. J’ai opté pour un oiseau pour son grand bec qui indique facilement que le personnage crie.

Pourquoi t’être uniquement concentrée sur la publication de ton travail en format numérique durant ces années en Corée ?

La bande dessinée numérique s’est développée bien avant en Corée qu’en France, au point de devenir majoritaire aujourd’hui. 73,1% des lecteurs et lectrices coréen·nes ne lisent que des webtoon, et 3,6% ne lisent que des mangas papier, tandis que 23,3% utilisent les deux supports. Ce n’est qu’une fois à l’ÉESI d’Angoulême que j’ai dessiné et imprimé des fanzines en format papier. En Corée, Environ 80% de mes lecteurs et lectrices sur les réseaux sociaux sont toujours coréen·nes, bien que je réside en France depuis longtemps. Je vais continuer à publier pour mes deux publics, français et coréens. Mais si j’ai à choisir entre les deux, il faudra que je priorise les structures éditoriales francophones, car j’ai besoin d’obtenir des contrats d’édition en France afin de prolonger mon titre de séjour auprès de la préfecture.

Comment expliquer cette grande différence entre la France et la Corée dans les habitudes de lecture ?

Le marché de l’édition de bande dessinée en format papier est implanté depuis longtemps en France. Ce n’était pas le cas en Corée du Sud lorsque la bande dessinée numérique a émergé. Il existe un marché de l’édition papier là-bas, mais il n’a jamais eu autant d’importance. Lorsqu’un concours pour jeunes auteurs et autrices est organisé, c’est toujours pour être publié en webtoon, jamais en format papier, contrairement au concours Raymond Leblanc en France par exemple. Peut-être est-ce aussi dû à la meilleure implantation du réseau internet : en Corée du Sud, on peut avoir une bonne connexion n’importe où, ce qui n’est pas le cas en France.

Comment fais-tu pour t’adresser à des lecteurs et lectrices qui pratiquent des langues différentes sur les réseaux sociaux ?

Comme Instagram permet de publier au maximum 10 images à la fois au sein d’une publication , je peux publier un même dessin traduit en plusieurs langues sur la même publication. La première slide est en coréen, puis en anglais, et puis en français. Comme je travaille actuellement en France, je suis tentée de mettre la version française en premier, mais cela me coupe de mon public coréen qui ne prend pas la peine de faire défiler les slides pour lire la version coréenne. J’ai beau prévenir que différentes langues sont disponibles, rien n’y fait, car le fil d’actualité Instagram incite plutôt à faire défiler les images rapidement qu’à s’y attarder.

As-tu une idée du profil-type de tes lecteurs et lectrices ?

Oui, car Instagram propose des statistiques sur leurs caractéristiques sociales. Je sais donc que mes lecteurs et lectrices sont en majorité des femmes de ma génération, car j’aborde des thématiques qui sont davantage susceptibles de les toucher. Toutefois, je ne partage pas toute ma vie sur les réseaux sociaux comme le font d’autres, je me contente de publier des BD. Je vois des auteurs et des autrices qui communiquent beaucoup avec leur communauté , en organisant des live Twitch par exemple. Ce sont de très bonnes initiatives pour montrer comment ils ou elles travaillent, mais je suis trop timide pour faire ça.

Comment gères-tu le flux de commentaires postés par tes abonné·es ?

Les propos sont toujours plus brutaux sur les réseaux sociaux que sur un site qui permet d’évaluer le livre qu’on vient d’acheter. Mais pour moi, que les commentaires soient positifs ou négatifs, on doit avoir le droit de les exprimer. Mes bandes dessinées sont créées pour interroger le lectorat sur des sujets de société, l’amener à se poser des questions plus qu’à tenter de lui imposer mes idées. Mes publications deviennent donc des forums de discussion dans les commentaires, puisque les gens finissent par débattre entre eux. Ça a beaucoup été le cas sur mon post qui concerne les micro-agressions racistes que je vis au quotidien. Cela devient une vitrine qui me permet d’apprendre ce que ma communauté française pense de certains sujets. J’ai besoin de cela. Quand il y a des insultes, je ne réagis pas, mais je ne supprime pas le commentaire.

As-tu rapidement envisagé de te professionnaliser en tant qu’autrice de bande dessinée ?

Pas du tout. Je n’ai d’ailleurs jamais pensé que mes BD publiées sur les réseaux sociaux pourraient un jour faire l’objet d’une publication en livre. Mon intention de départ était de m’exprimer publiquement sans réfléchir à ce que cela pourrait me rapporter. Je ne m’attendais pas du tout à ce que cela puisse me faire gagner ma vie, je cherchais à me faire plaisir. Finalement, cela m’a permis de me faire connaître et de publier mes récits en livre, en Corée du Sud tout d’abord, puis en France.

Comment est-ce que les auteurs et autrices coréen·nes qui ne publient qu’en format numérique parviennent à vivre de leur pratique ?

Il y a d’abord les auteurs et autrices de webtoon qui sont rémunéré·es par les plateformes qui les hébergent. D’autres publient leurs dessins uniquement sur Instagram, mais ils et elles sont sponsorisé·es par des entreprises privées. Cela peut être des cosmétiques, des chaussures, etc. En échange, certaines de leurs publications dessinées font la promotion de produits en les mêlant avec leur histoire de 10 cases. Ce genre de dessinateurs et de dessinatrices produisent généralement des récits autobiographiques légers sur leur quotidien avec un style mignon. Pour ma part, j’ai sponsorisé à trois reprises des sorties de livres avec mes dessins, dont une traduction en coréen du livre de l’écrivain français Guillaume Musso La vie est un roman. Je n’en ai pas fait d’autres, car je n’ai pas le style adapté au placement de produits cosmétiques, que je refuserai de faire de toute façon. Quant à Dargaud qui publie mes BD sur leur page Instagram Mâtin, il me rémunère par saison, en fixant 10 publications par saison. On a renouvelé le contrat à chaque saison. Je vais bientôt entamer la troisième.

Les confinements successifs depuis 2020 t’ont-t-il poussé à publier davantage sur les réseaux sociaux ?

Non, cela n’a pas changé beaucoup de choses pour moi, car je publiais déjà très souvent sur les réseaux sociaux. Mais j’ai vu à quel point cela a changé les habitudes des auteurs et les autrices français·es. Certain·es se sont mis à poster des dessins tous les jours en restant enfermé·es chez eux toute la journée. Cette période a fait accélérer l’importance de la bande dessinée numérique sur le marché français. Pour ma part, j’étais accro aux réseaux sociaux lorsque je vivais en Inde, mais maintenant je suis davantage occupée ailleurs, j’y passe moins de temps.

Alors que tu résidais déjà en France, ce sont d’abord des maisons d’édition coréennes qui se sont intéressées à toi, c’est bien cela ?

Oui. Grâce à mon succès sur les réseaux sociaux, un éditeur coréen m’a repéré et nous avons publié deux livres basés sur mes publications en ligne. Le premier contient 80% de contenu que j’avais déjà publié en ligne. Pour le deuxième ça a été l’inverse, nous avons publié 80% de récits inédits, mais, étrangement, il s’est moins bien vendu. Un livre est un objet qu’on peut tenir, emporter avec soi. C’est différent d’une publication numérique. Quand les livres sont sortis, l’éditeur m’a demandé de dissimuler les BD de mon compte Instagram, sans toutefois les supprimer parce que je voulais garder les commentaires affichés en dessous de chaque publication. On m’a proposé de réaliser des webtoons, mais j’ai refusé parce que j’avais déjà d’autres projets. Et puis la structuration du marché du webtoon contraint à publier une fois par semaine, en étant aidé par des assistant·es comme les mangakas. Je ne pouvais pas adopter ce rythme de parution seule depuis la France.

Comment t’es-tu fait connaître auprès des maisons d’édition françaises ?

La première fois que je me suis rendue au Festival International de Bande Dessinée d’Angoulême j’ai demandé assez naïvement à rencontrer un éditeur de chez Dargaud en allant sur leur stand, alors que je ne parlais pas encore bien français. Je suis restée par la suite en contact avec l’éditeur Thomas Ragon par les réseaux sociaux. Il a acheté l’un de mes fanzines. Puis il m’a proposé de contribuer au journal Instagram de Dargaud, Mâtin, quel journal !, en me proposant de choisir un sujet. J’étais alors en plein confinement, et j’avais envie de parler du racisme envers les asiatiques que je subis depuis mon arrivée en France. Mon nombre d’abonné·es et mes publications régulières sur Instagram ont dû le convaincre. Mais je pense que ça compte moins qu’en Corée, car les webtoons induisent une plus grande proximité avec mes abonné·es. En France, quelques maisons d’édition s’intéressent beaucoup aux réseaux sociaux comme Exemplaire, fondée par Lisa Mandel, mais c’est une minorité. C’est assez récent que la bande dessinée numérique soit aussi suivie sur Instagram en France. Il y a 5 ans, cela avait moins d’importance. Quand je suis arrivée, j’espérais donc plutôt me faire publier en format papier plutôt que numérique.

Pourquoi as-tu décidé d’évoquer le racisme anti-asiatique pour ta bande dessinée publiée sur Mâtin ?

Cela se base sur mon expérience vécue depuis que je me suis installée en France. Je n’y aurais jamais pensé si j’étais restée en Corée, où personne ne me confond avec une chinoise et me rappelle toujours que je viens d’Asie. J’ai appelé cette bande dessinée « Kimchi baguette » pour jouer avec le double sens du mot baguette, qui est un cliché correspondant à la fois aux asiatiques et aux français avec la baguette de pain. J’ai aussi cherché un titre au style direct qui reste en tête comme kimchi qui est le nom d’un plat de légumes pimentés typiquement coréen.

Dargaud va adapter ta bande dessinée numérique en format papier. Est-ce que cela nécessite un travail d’adaptation particulier ?

Oui. Je retravaille certains dessins pour en être davantage satisfaite, ce qui n’est pas obligatoire. Le format de cette collection Dargaud est carré pour correspondre à celui des posts Instagram, mais les cases ne sont pas présentées une par une. Comme chacune de mes publications faisait 10 cases, je présente les deux premières cases en gros sur une première page, en ajoutant un bandeau-titre dans le style des BD de Mickey Mouse, et les huit cases restantes sont imprimées en plus petit sur deux autres pages. Même dans mes bandes dessinées publiées en fanzine, j’aime ce découpage en gaufrier.

L’Association traduit et publie en France tes trois livres publiés en Corée. Comment s’est déroulée ta prise de contact avec eux ?

J’ai réalisé un récit dans la lignée de l’OuBaPo [1] qui peut se lire dans plusieurs sens. L’un de mes professeurs a montré ce récit à Étienne Lécroart qui fait partie de l’OuBaPo et publie à L’Association. Je leur ai montré les livres que j’avais déjà publiés en Corée. Cela les a intéressés. Ils m’ont aussi proposé de participer au premier numéro de Lapin poche, une nouvelle revue de création dirigée par Lewis Trondheim. C’était assez intimidant de publier auprès d’auteurs et d’autrices aussi reconnu·es. Le sujet de ce numéro concerne l’écriture, l’occasion de réfléchir à sa propre pratique de création en bande dessinée.

Planche montrée à Etienne Lécroart. Silki © 2022

Tout récemment, tu as aussi entamé une collaboration avec la Revue dessinée, qui publie des BD-reportages.

La Revue dessinée a repéré ma bande dessinée publiée sur Mâtin et leur équipe m’a contactée pour travailler ensemble. J’ai dessiné des récits courts sur le sport, puis un reportage plus long sur le fonctionnement d’un tribunal avec un journaliste de Médiapart. Le prochain thème que je vais aborder dans la revue est celui de la pollution.

Depuis que tu es à Angoulême, tu as séjourné à la Maison des auteurs. Combien de temps y es-tu restée ?

9 mois, et puis l’été est arrivé. Je suis retournée travailler chez moi avec mon ventilateur. J’ai récemment fait une demande pour y retourner. J’ai besoin qu’il y ait des êtres vivants qui bougent autour de moi quand je travaille, plutôt que de rester enfermée seule comme ça a pu être le cas pendant le confinement. Cela permet d’avoir l’avis d’autres artistes. Des gens comme Sébastien Cornuaud spécialisé sur les questions juridiques m’ont aussi beaucoup aidé quand j’étais à la Maison des auteurs. Elle me permettait de diviser la vie professionnelle et la vie privée, sinon je passe de mon lit à mon bureau en trois pas. Et j’y ai découvert le travail d’autres auteurs et autrices connu·es à l’étranger comme celui de l’auteur croate Miroslav Sekulic-Struja.

Durant cette période à la Maison des auteurs de septembre 2021 à mai 2022, tu travaillais sur un projet de fiction, Le temps sous l’eau. Où en es-tu avec ce récit ?

Je l’ai mis de côté. Je n’ai pas honte d’admettre que j’ai des limites à dépasser. Pendant une édition du FIBD, j’ai présenté un dossier de ce projet à des éditeurs et des éditrices. Tou·tes me disaient que le dessin est super, mais je n’ai eu que des réponses négatives. Cela ne fonctionnait pas. J’ai essayé la fiction pour la première fois lors d’un cours de scénario avec Thierry Smolderen. Mais depuis, ce que j’ai produit n’est pas assez bon pour persister. Pour l’instant, je préfère me concentrer sur ce que je fais bien, des récits autobiographiques.

Quels sont les auteur·es de bande dessinée qui t’inspirent en ce moment ?

Difficile de dire qui sont mes auteurs et mes autrices favori·tes . J’apprécie des illustrateurs comme l’immense Quentin Blake, ou Sempé. Mes lectures sont plutôt guidées par le format dans lequel elles s’inscrivent. En l’occurrence, j’aime les autobiographies en noir et blanc, un peu sombres, mais avec tout de même une part d’humour. En ce moment, je m’intéresse davantage au style minimaliste, comme celui de José Parrondo.

Bibliographie

webtoon

  • « Silkidoodle Webtoons », in 15 toons (Corée du Sud) 2020.

albums (France)

  • Kimchi Baguette, Dargaud, à paraître

collectifs (France)

  • Lapin Poche, L’Association, 2022

bandes dessinées (Corée du Sud)

  • Mais ici (그럼에도 여기에서), éd. Hyeonamsa, 2021.
  • Hahaha-go (하하하이고), éd. Hyeonamsa, 2018.
  • Ça va pas (나 안 괜찮아), éd. Hyeonamsa, 2016.

collectifs (Corée du Sud)

  • See-real, Chichi, Breakfastclub Press, 2020.
  • Les femmes dessinent le rêve, éd. Baum à l’âme, 2018.
  • Guazamana 2 (과자마나2), éd. Yourmana, 2017.

illustration (Corée du Sud)

  • I Feel Like I’d Have To Do Something, de Broccoli Yoo too, 2021.
  • PUN 21 books, de Yoo Byung-jae, 2020.

animation (Corée du Sud)

  • 7 do, clip musical de Double V , 2021.
  • TypojancqsDvhi:100 filles 10 meres, 5éme Biennale internationale de Typographie, 2017.

réseaux sociaux

[1] Ouvroir de Bande dessinée Potentielle, un groupe d’auteur·es qui créée en se fixant des contraintes, comme l’OuLiPo dans le domaine littéraire, ndlr