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1914-1926

Thierry Groensteen

Deuxième série : chronique illustrée d’une guerre en cours

En octobre 1914 paraît le No.1 de la deuxième série (aucune date n’apparaît en couverture ; le prix est toujours de 5 centimes, pour 8 pages, mais le format redevient proche de celui d’origine : 22 x 32 cm). Il s’ouvre sur un éditorial proclamant gravement : « Jamais il n’y eut – et sans doute il n’y aura jamais – de plus grande guerre que celle qui est déchaînée en ce moment sur l’Europe » et célébrant l’héroïsme de ces « millions d’hommes » qui luttent sur les champs de bataille. La rédaction annonce la nouvelle ambition de cette « publication illustrée, populaire entre toutes » : « perpétuer à jamais, par le récit et par l’image (...), le souvenir de ces semaines de combat, de vaillance inébranlable ». (…) « … on lira les récits vibrant de patriotisme, on revivra ces combats gigantesques, on regardera les illustrations donnant la reproduction des épisodes militaires ... »

Les dessins humoristiques n’ont plus leur place dans un journal qui se veut grave, informatif et engagé dans la propagande nationale. On pourrait, certes, s’attendre à y trouver des caricatures « anti-Boches » comme bien d’autres périodiques illustrés en proposent alors, mais l’image prend désormais exclusivement la forme de photographies et d’illustrations réalistes, en noir et en couleurs. La collection forme une « Histoire anecdotique de la guerre européenne ». Toujours, une grande illustration en couleur en occupe la double page centrale.

Couverture par Paul Dufresne, au No.107

La notice présentant Jules Tallandier qui figure sur le site de l’IMEC nous apprend que « Pendant la Première Guerre mondiale, il lance Panorama de la guerre de 14-18 (35 millions de fascicules vendus) ». Cette publication hebdomadaire illustrée, de 24 pages, vendue au prix de 80 centimes le fascicule et comprenant photos, gravures en couleur, cartes et plans, était-elle complètement indépendante de L’Illustré national ou partageait-elle certains contenus avec lui ? Je ne suis pas en mesure de le dire.
Tallandier avait déjà publié en 1908, au rythme de deux livraisons par semaine, une Histoire populaire de la guerre de 1870-71, par le Lieutenant-Colonel Rousset.

Contre toute attente, le divertissement va pourtant reprendre ses droits au sommaire de L’Illustré national. Le journal va faire une place à des romans publiés par livraisons, non illustrés, dus à la plume de Jean Brignac (Femme d’Espion) ou de Pierre de la Marne (Charlot Empereur du monde). Et le dessin humoristique va lui aussi revenir.
Début 1916, le No.80 contient un avis : la rédaction explique qu’elle est contrainte d’élever le prix du numéro à 10 centimes (en raison de l’augmentation du prix des matières premières). En compensation, elle ajoutera « quelques pages consacrées à des gravures exécutées par des dessinateurs et humoristes de premier ordre.... (...) des fantaisies vengeresses et caricatures cinglantes ». On trouve dès lors quelques « cartoons » de Lortac, Haye, Vosrie, Hampol, Paul du Mercadec, mais surtout de Paul Dufresne [1] et E. Muller (?). Ces deux derniers signent de très belles couvertures et dessins en couleurs en dernière page. Notamment une série de portraits charge (appelés « Mufles »).

Dessin de Paul Dufresne, au No.102

Anticipant sur ce que sera la série d’après-guerre, L’Illustré national va aussi publier le roman Les Vampires, de Louis Feuillade et Georges Meirs [2], illustré par des photos du film [3].

Pour 10 centimes, le journal offre d’abord 12 pages (dont 6 en couleurs) ; il passe avec le No.113 à 8 pages (dont 6 en couleurs), et le No.116 ne compte plus que 4 pages en couleur sur les 8. La réduction du nombre de pages a entraîné la disparition des romans. Mais elle semble surtout avoir sonné la fin de la série, dont le dernier numéro connu de moi est le 116. Contrairement à la première série, la numérotation s’effectue en continu et ne reprend pas au No.1 à chaque début d’année civile. Par ailleurs, les numéros ne portent aucune mention de date. Mais le No.111 célébrant Noël, nous pouvons sans risque dater le No.116 de fin janvier 1917.

Troisième série : l’ère du feuilleton

Il s’écoule quelques années après la fin de la guerre avant que Tallandier ne relance L’Illustré national, puisque la troisième série débute le 29 janvier 1922. Le format est de 37 x 29 cm. Le journal compte 12 pages intégralement en noir et blanc à l’exception de la couverture et est vendu au prix de 30 centimes. Le sous-titre, « Films et Ciné-Romans, Caricatures, Nouvelles, Actualités », dit assez qu’il s’agit désormais d’un magazine généraliste dans lequel le dessin n‘interviendra que comme un ingrédient parmi d’autres. La Cité de la bande dessinée et de l’image possède deux recueils reliés comprenant les 76 premiers numéros de cette série, jusqu’au 8 juillet 1923.

Feuilletons ensemble le premier numéro. La une est occupée par une gravure colorisée, une image assez sensationnaliste sur les pilleurs de bijouteries, intitulée « Comment on nous vole ». Les pages 2 et 3 comportent trois articles (l’un d’eux signé Alphonse Allais), 2 dessins humoristiques légendés et 3 histoires en images, la partie graphique étant assurée par deux dessinateurs : André Foy [4] et Dharus (?). La première livraison d’un « grand roman de passion » de Michel Zévaco, Le Pont des soupirs, occupe les pages 4 et 5 ainsi que 8 et 9, illustré par 4 photographies du film éponyme de Gaumont (un serial en 8 épisodes) qui sort le même mois. Les pages 6 et 7 sont consacrées à un autre film, de Louis Feuillade : L’Orpheline (en douze épisodes). Il s’agit cette fois d’une « ciné-roman » : les trois premiers épisodes y sont résumés en quinze photographies légendées, la suite étant annoncée aux prochains numéros. Les pages 10 et 11 accueillent le début d’un autre feuilleton littéraire, un roman de Marcel Priollet [5] et deux brèves histoires en images, signées M. T (?) et Raymond Pallier [6]. Enfin, la douzième et dernière page publie sur toute sa surface une planche de George-Edward [7].

Jeu d’ombres par le mystérieux « M.T. »

Il apparaît donc que le dessin occupe environ le quart de la surface imprimée, littérature populaire et cinéma partageant avec lui un sommaire entièrement tourné vers le divertissement. Les dessinateurs sont tous des nouveaux venus, aucun n’ayant participé aux séries précédentes. Leurs histoires sont imprimées en noir et blanc et ne font aucun usage de la bulle. Du point de vue qui nous intéresse, celui de l’histoire de la bande dessinée, la nouvelle période qui s’ouvre semble donc marquer une assez nette régression par rapport aux années d’avant-guerre.

Une séquence signée Th. Barn, le 4 juin 1926
Une séquence signée Vallier, le 25 juin 1922.
Noter la proximité avec le trait de Saint-Ogan.

Les numéros suivants respectent le même équilibre. Mais de nouvelles signatures, de plus en plus nombreuses, apparaissent au bas des dessins : celles d’Hervé Baille, Maurice Sauvayre [8], Th. [Théo] Barn, Rémi Jouenne, Raymond Vallier, Tézier, Marcel Jeanjean [9], André Foy [10], Griff, Varé, Renato, et Joe Mab, lequel n’est autre que le premier pseudonyme de Jean Marcel Adolphe Bruller, alias Vercors, qui débute dans la carrière de dessinateur humoriste.

Joe Mab alias Jean Bruller alias Vercors, le 22 octobre 1922
Joe Mab, 25 mars 1923

On voit très vite (dès le No.3) revenir Marcel Radiguet et Mauryce Motet, puis Marcel Arnac et Haye, des vétérans de la première série d’avant-guerre. Jean d’Aurian réapparaît à son tour en juillet. L’esthétique dominante est un dessin au trait simple, dépouillé, linéaire, et qui ne conserve pas trace des excentricités de l’époque antérieure. Un style qui annonce celui de dessinateurs comme Jean Effel ou Alain Saint-Ogan et qui apparaît caractéristique de l’entre-deux-guerres.

Maurice Radiguet à la une le 5 mars 1922

Un feuilleton dessiné débute dans le No.4 du 19 février : « Aventures abracadabrantes de trois types pas ordinaires » est dû au crayon de Radiguet (peut-être associé à un scénariste non crédité). Les protagonistes, Cosibus, Tapaleuil et Poponasse, amis d’enfance et impécunieux, sont respectivement savant, artiste et magicien. Ils sont à la une du No.6 alors que, curieusement, ils ne figurent pas en pages intérieures. Leurs aventures, qui les conduisent jusqu’à un royaume d’Afrique puis au pied de l’Himalaya, se terminent dans le No. 27 du 30 juillet, après 20 épisodes. Radiguet est alors le collaborateur le plus prolifique et semble être traité en dessinateur vedette.
Haye, de son côté, signe « Les mémoires comiques de Marius Finassou, détective » (où l’on remarque l’abondance des plans rapprochés) en deux livraisons, puis s’attache au feuilleton « Le Roman de Chipouillard ».

La proportion d‘histoires dessinées augmente à partir du 14 mai (No.16) et les deux pages centrales leur sont désormais réservées. Une autre BD à suivre, signée « M. T. », débute dans le No.17 : « Les Tribulations de la famille Bougredane ». Puis, signée « M. J. » (Marcel Jeanjean, selon toutes probabilités), « L’extraordinaire voyage d’Onésime Fricandouille », d’excellente facture (8 épisodes jusqu’au No.36). Tandis que Renato dessine « Monsieur Lemaire-Lanfrit fait du cinéma, ou ‘La fiancée du baobab’ » (17 épisodes jusqu’au No. 49, dernier de l’année 1922).

4e épisode d’Onésime Fricandouille par Jeanjean, le 3 septembre 1922
7e épisode d’Onésime Fricandouille par Jeanjean, le 4 septembre 1922

Par erreur sûrement, les Nos. 22 et 23 passent les mêmes planches en pages centrales.
Thomen effectue son grand retour au No. 30 (20 août), dont il signe la couverture. Dès le No.32, les dessins humoristiques supplantent définitivement les gravures sérieuses à la une, confirmant un repositionnement du journal qui renoue peu à peu avec sa vocation antérieure. La couverture du No.32 est même une planche complète, dont l’auteur n’a pas signé. Je pense qu’il s’agit de Blondeau, qui assumera nommément la couverture du No.37 quelques semaines plus tard. Mat – le futur créateur d’Oscar le petit canard, qui a fait ses débuts en 1917 et collabore au Canard enchaîné depuis l’année précédente – arrive dans le même numéro 32. Simultanément s’achève la publication du Pont des soupirs de Zevaco, auquel succèdent dès le numéro suivant deux nouveaux feuilletons littéraires : Reine de Tango de Marcel Priollet et La Bague d’opale, de René Vincy. Les « ciné-romans » ont, eux, disparu [11], et c’est bien le récit feuilletonesque, qu’il soit littéraire ou dessiné, qui constitue le cœur de la formule du périodique.

Thomen, 20 août 1922

Le 25 septembre, de la Nézière fait la une du No.35, et Rabier donne une histoire sans paroles. Falké et Asy reviendront en 1923. Ainsi, petit à petit, l’ancienne équipe se reconstitue, même si Charly et Nadal manquent à l’appel.
La rédaction pallie la défaillance du second cité en recyclant des pages d’avant-guerre : Nadal est en couverture des Nos.39, 41, 44, 51, 52, 54, 57, 59, 61, 65, 69, 71, 73 et 75. C’est lui qui s’en adjuge le plus grand nombre, preuve que l’éditeur lui reconnaît un vrai potentiel d’attractivité, mais il ne s’agit que de reprises de planches parues une douzaine d’années plus tôt.

Le mystérieux « M.T. » multiple les saynètes en ombres chinoises. Marcel Arnac inaugure au No.39 un feuilleton préhistorique assez spirituel, les « Aventures de Da et Pou à l’âge de pierre » (12 épisodes jusqu’au No.53). Puis vient le tour de Varé, au No.50, avec « Le Tour du ciel d’un enfant de Paname » (12 épisodes jusqu’au No.61), de Mauryce Motet avec « Retiré des affaires » au No.55 (8 épisodes jusqu’au No.62), de Maurice Sauvayre avec « Les Aventures d’un chercheur de trèfles » au No.63 (14 épisodes jusqu’au No.73), tandis que débute au No.66 le feuilleton non signé « Eudoxie, bonne à tout faire ».
Le journal accueille quelques nouveaux talents en 1923 : Valherbe, R.M. Hogge et Maurice Cuvillier [12].

Premier épisode des aventures de Da et Pou par Marcel Arnac, 22 octobre 1922

Les recueils conservés à la Cité ne permettent pas d’aller au-delà du No.76, daté du 8 juillet 1923. Et la collection du Petit Marseillais illustré (qui reprend L’Illustré national) numérisée par Gallica [13] permet seulement d’aller une semaine plus loin, puisque le dernier numéro consultable est le No.77 du 15 juillet (encore une couverture de Nadal, et la fin du feuilleton consacré à Eudoxie).

Une séquence signée Cuvillier, le 14 avril 1923

La BnF donne 1926 comme année de fin de parution de ce titre, tandis que pour L’Illustré national elle ne se prononce pas (« 1898-192. ») – et le catalogue SUDOC des bibliothèques pas davantage. Nous ne savons donc pas précisément quand s’est interrompue la troisième série de L’Illustré national. Si elle s’est prolongée au-delà des numéros qui nous sont accessibles aujourd’hui, sans doute ne fut-ce que pour quelques semaines ou quelques mois tout au plus. Car, si j’en crois le catalogue de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, une quatrième série aurait commencé à paraître le 4 mai 1924 pour s’achever au No.96, le 28 février 1926. Le sous-titre du journal serait devenu « Sports, aventures, voyages, cinéma, sciences, romans », ce qui, en l’absence de vérification, donne à supposer que la bande dessinée en était absente ou y occupait une place tout à fait subalterne. L’éditeur pourrait du reste avoir changé, puisque la rédaction est alors sise au 30 rue de Provence.

C’est donc sur de nouvelles interrogations qu’il nous faut prendre congé de L’Illustré national. Un journal au mode de diffusion original, au destin mouvementé, au dosage fréquemment remis en cause, mais dont la bande dessinée a, des années durant, constitué un ingrédient prépondérant. En dépit de son incomplétude, cette étude permettra, je l’espère, d’apprécier son vif intérêt au regard de l’histoire de la bande dessinée française.

Je veux souligner que, de plusieurs de ses artistes majeurs, à commencer par Charly et Nadal, nous ignorons même le véritable patronyme et les dates de naissance et de mort.
Beaucoup de recherches restent donc à entreprendre. De manière plus large, c’est la carrière de la plupart des pionniers de cette génération qui doit encore être écrite, la plupart d’entre eux ayant travaillé, successivement ou en parallèle, pour une foule de journaux [14], et, je le crois, c’est la contribution d’une génération aujourd’hui passablement oubliée qui demande à être réévaluée.

Thierry Groensteen

Je remercie chaleureusement Danièle Alexandre-Bidon et Antoine Sausverd qui ont relu le premier jet de cet article et l’ont fait bénéficier de leur judicieuses observations.

ADDENDA

Précisions sur le Journal rose
Le titre a paru au moins jusqu’en juin 1914, possiblement jusqu’en août. Le magazine recycle beaucoup de dessins et de planches en provenance du Jeudi de la jeunesse (de la même maison Tallandier), où ils et elles ont paru quelques années plus tôt. On trouve notamment les signatures de Jehan Testevuide, Raymond de la Nézière, John Drawer, Lajarrige et Avelot. La double page centrale est dévolue à un conte illustré. Le reste des pages se partage entre romans illustrés à suivre, strips en quatre cases et rubrique « modes pratiques ». (4 juillet 2020)

Précisions sur Charly
Grâce à Dominique Petitfaux, le « mystère Charly » est dissipé. Il me révèle en effet que la revue du Collège de Pataphysique Viridis Candela, dans son No.27 qui porte la date du 21 pédale 141 E.P., c’est-à-dire, dans le « calendrier vulgaire », du 15 mars 2014, a publié un article intitulé « Charly artiste distingué », sous la plume de Lazare Kouchtwa. Et que le numéro suivant (1er gidouille 41 E. P., c’est-à-dire le 15 juin 2014) apporte des précisions sur la mort, tragique, de l’intéressé.
Charly, donc, n’était autre que Blaise Louis Charles Terrière, né le 2 août 1870 à Villeneuve-sur-Lot, fils d’un capitaine au 4e régiment de ligne. La revue mentionne ses collaborations à La Caricature, L’Indiscret, Le Rire, La Jeunesse amusante et à une Baïonnette qui n’est pas celle de Gus Bofa et de Mac Orlan. Il ne dit mot de L’Illustré national – preuve supplémentaire de l’obscurité dans laquelle est tombé ce titre. Charly a aussi écrit des textes et même un petit « roman de mœurs militaires » intitulé Une petite garnison française, paru chez Tallandier avec, sur la couverture, une photo de l’auteur en uniforme. Il était en outre l’ami d’Alfred Jarry et l’aurait conseillé pour l’écriture de La Dragonne. Souffrant de tuberculose, il avait dû poser son crayon et se suicida d’une balle dans la tempe le 5 juin 1913, ainsi que l’annoncèrent, le lendemain, L’Aurore, Le Figaro et La Lanterne. (7 juillet 2020)

Précision sur la dernière série
Quelques heures passées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris m’ont permis de consulter ce que je présumais être la quatrième et dernière série de l’Illustré national. À l’examen, on distingue peu de liens entre le journal disparu le 15 juillet 1923 et le nouveau support lancé le 4 mai 1924. Ce dernier a d’ailleurs pris le titre de Magazine illustré national. Cependant, lui aussi semble avoir été utilisé comme supplément hebdomadaire par des titres de la presse régionale, en particulier La Dépêche, à Toulouse. Il est donc tout à fait possible que le nouvel éditeur-gérant, J. Contoux, ait racheté et le titre et le portefeuille de clients, et se soit donné le temps de préparer une nouvelle formule. Le Magazine propose 24 pages chaque dimanche, pour un prix de 75 centimes (la pagination tombera à 20 pages à compter du No.37, en date du 11 janvier 1925). Il se veut encyclopédique et aligne des rubriques telles que « Bizarreries et beautés de la nature », « Ce que disent nos grandes vedettes », « L’histoire anecdotique », « Les grandes questions scientifiques », « Tous les sports » et « Contes et nouvelles ». L’illustration repose presque entièrement sur la photographie. Toutefois, les œuvres littéraires sont illustrées (par Henry Fournier notamment), et chaque numéro comprend une page intitulée « La semaine drôle » qui regroupe 4 à 6 cartoons (parfois des strips) et quelques histoires drôles. Certains dessins sont repris de publications étrangères telles que Life, Judge, Karikaturen, Tit-Bits, London Opinion, Humorist London, Simplicissimus ou encore les Fliegende Blätter. Mais le Magazine publie aussi des inédits (signalés comme tels), et l’on voit passer, au fil des numéros, les signatures de Arsène, E. Brivot, Brun-Sirdey, André Cart, Clem, Georges Didier, Ph. Graln, Guillemin, Philippe Larquier, Luis, Gaston Mas, Jean Muss, Henri Neveu, A. Pierre, Radiguer, J.-V. Straelen… Deux signatures retiennent notre attention : celle de Haye, qui serait le seul dessinateur à faire le lien avec les périodes antérieures de l’Illustré national (encore n’apparaît-il que dans les premiers numéros) ; et celle de Georges Fronval (1904-1975), qui semble faire là ses débuts d’illustrateur, et que l’on retrouvera plus tard au sommaire de Pilote.
Une seule page de bande dessinée, muette, à signaler sur l’ensemble des 96 numéros : signée Guillemin, elle paraît dans le No.7, le 24 août 1924. Comme tous les autres dessins, la place lui est chichement comptée, et elle doit se contorsionner entre quatre cartoons et autant d’histoires qui se partagent la même page, de sorte que les images sont minuscules.
(18 juillet 2020)

[1] 1866-1918, à ne pas confondre avec le graveur Charles-Paul Dufresne, 1885-1956.

[2] Romancier populaire, créateur du détective William Tharps.

[3Les Vampires, célèbre film muet en dix épisodes réalisé en 1915 par Louis Feuillade, avec Musidora dans le rôle d’Irma Vep.

[4] 1886-1953, il collabore au Canard enchaîné depuis 1916 et au Crapouillot depuis 1920.

[5] Le catalogue de la BnF recense quelques 350 entrées au nom de cet écrivain populaire prolifique.

[6] 1888-1943 ; peintre et affichiste de faible réputation, il a dessiné pour La Baïonnette.

[7] 1866-1952. Dessinateur parlementaire et contributeur de nombreux journaux humoristiques.

[8] 1889-1968. Il a débuté pendant la Première Guerre mondiale et participe ensuite à nombre de périodiques illustrés. Cet ami de Pierre Mac Orlan est aussi connu comme peintre de paysages. Ses contributions à L’Illustré national trahissent l’influence de Gus Bofa, également perceptible chez Renato et chez Mab/Bruller.

[9] 1893-1973, illustrateur et auteur de bandes dessinées pour la jeunesse, connu pour sa passion de l’aviation.

[10] 1886-1953. A débuté au Canard enchaîné en 1916.

[11] Le Dico Solo se trompe donc lorsque, dans sa notice sur L’Illustré national, il écrit : « En janvier 1922 une troisième série consacrée au ciné-roman, dure une année. » Le ciné-roman n’a jamais occupé plus de deux pages, et encore, seulement dans les quatre premiers numéros. Patrice Caillot commet du reste la même erreur.

[12] 1897-1957 ; il créera Sylvain et Sylvette en 1941.

[14] Ainsi, et pour n’en donner que quelques exemples, on retrouve Nadal, Blondeau, mais aussi Vosrie, Ferran ou Malherbe, dans Ma Récréation (un titre lancé en 1910) ; O’Galop, Cohl, de la Nézière, Burret, de Sta, Poulbot, Capy ont tous figuré, à un moment ou un autre, dans les pages du Rire. G.Ri, Capy, Moriss, Préjelan, E.Tap, Mottet et Thomen figuraient dans Le Bon Vivant et Barn, Guénin, Gog, Monnier, Norwins, G.Ri, E.Tap dans La Jeunesse illustrée.