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acte des passages

Christian Rosset

[2009]

Fred est un passeur. D’allers en retours chaque fois renouvelés, il conduit ses lecteurs du monde « soi-disant normal » à celui des Lettres de l’océan Atlantique. Il le fait selon sa méthode et à son rythme. Comme, une fois l’incipit trouvé, il suit presque aveuglement (mais avec quel regard) ses intuitions, la raison souvent vacille, et l’inconscient est à la fête. Philémon est une des rares séries appréciées par ceux qui fuient l’ordinaire de l’édition franco-belge pour la jeunesse (dont des lecteurs d’Hara-Kiri, restés fidèles à l’auteur du Petit Cirque après son passage à Pilote).

Navigateur d’entre deux Mondes, d’entre deux âges, d’entre deux humeurs, Fred fraie entre les lettres et ainsi passe, métaphoriquement, à l’acte. Le lecteur prend acte des passages, sous un ciel d’entre deux climats (tempête / beau fixe), dans une lumière d’entre deux temps (entre chien et loup, où la Mélancolie vagabonde / soleil blanc au zénith, où la Mélancolie frappe). Aujourd’hui, ce monde est en arrêt, comme en attente de découvrir un nouveau passage (au moins un de plus) qui permettrait à l’auteur d’une des œuvres les plus singulières de la bande dessinée de ces cinquante dernières années de reprendre le chemin d’une écriture en partie improvisée, sinueuse, où nul ne saurait déterminer par avance quelle image sera, une fois franchi le dernier passage, la toute dernière...

Le Naufragé du A ̶ après quelques premiers essais plutôt réussis mais qui peuvent être perçus aujourd’hui comme des « faux départs » ̶ ouvre véritablement la suite des Aventures de Philémon. Sur la couverture, trois figures expriment (de gauche à droite) : la joie (avidité, stupidité : végétal-animal sans nom), la satisfaction d’être (sourire : Philémon, « héros » juvénile), la tristesse (dépression profonde : Barthélemy, projection mélancolique de l’auteur). Premiers traits d’un large répertoire d’humeurs prêtes à s’entremêler. Le « calme de la vie champêtre (où chaque geste est mûrement réfléchi) » et l’intranquillité relative du Monde des Lettres (malgré le rayonnement de deux soleils rarement voilés) déteignent l’un sur l’autre car ces mondes sont poreux. Fred, plutôt réservé, déteste s’épancher dans ses bandes, mais n’en est pas pour autant un auteur tempéré. Cela s’agite sur le A, alors qu’au fond, comme à la campagne, rien ne presse (le lapin d’Alice n’est pas de ces mondes, bien que l’ombre de Lewis Carroll en recouvre quelques zones). Et même quand ça s’accélère, à l’instant où il faut saisir l’occasion de passer, il y a toujours de la place dans l’image pour marquer graphiquement un léger suspens : grognement, soupir, sous-conversation intime, voire un simple « hum » (l’inscription des lettres marque l’espace comme le temps).

Extrait de Philémon : Simbabbad de Batbad (1974).

Dans ce Monde incertain bien que solidement charpenté, tout change tout le temps et en tous sens. Tout se dérègle à un moment ou à un autre, y compris les règles du jeu dont certaines (ne jamais passer deux fois de la même façon) n’étaient pas encore énoncées au moment du Naufragé (et ainsi ne pourront jamais prétendre à l’inviolabilité). Il faut lire Philémon à la lettre, au pied de la lettre même. C’est une histoire de trait. Si une lettre peut devenir une île (après avoir été ̶ ou avoir participé à ̶ autre chose : une onomatopée, du bruit, un rond de fumée...), n’importe quel signe, n’importe quel détail de l’image, peut former, en association avec d’autres, proches ou lointains (la mémoire a un grand rôle dans cette affaire), une articulation signifiante : entre « marabout d’ficelle » et « logique du rêve » (où le hasard a son mot à dire). Il faut plonger dans ces pages comme dans la nuit, même s’il fait un sacré plat sur l’Océan.

Extrait de Philémon et le naufragé du "A" (1972).

Aucun risque de se noyer : le seul danger, à la lecture, c’est de sur-interpréter. Il est préférable de garder une distance critique avec les prétendus universaux de la psychanalyse (même sauvage comme un piano) bien que dans ces deux mondes, celui des Lettres comme celui du Père, il se passe de drôles de choses, tel qu’il s’en raconte sur certains divans sur lesquels l’auteur a bien fini par s’allonger.

Prenons néanmoins acte de ce qui, s’exhibant dans, entre et sous les cases, nous saute aux yeux. Dans Philémon, chaque passage produit des effets qui, s’ils n’étaient retenus, déborderaient encore davantage le cadre de la bande dessinée « classique ». S’il est évident que Fred joue, de plus en plus librement au fil des épisodes, à démonter ce dispositif, il ne se risque pas pour autant à transgresser certaines limites. Nombre de frontières, implicites à l’époque et au support, sont clairement tracées, sans volonté particulière mais avec une certaine efficacité, par un puritanisme quasiment de règle. Qui passe ? On ̶ de sexe masculin, inévitablement ̶ crève une lune, plonge par l’ouverture de la fermeture éclair, s’enfonce dans la bave, s’introduit dans le puits humide..., sans perdre de sa réserve : rien ne tombe, tout reste en l’état (et pendant ce temps, la mère, ne se doutant de rien, tricote devant l’âtre). Dans les Lettres devenues îles, le féminin ne court pas les rues, ni les routes, si l’on oublie les secrétaires de La Mémémoire dont la grève illimitée pour obtenir satisfaction ̶ c’est-à-dire précisément ce qu’« Ils » sont bien incapables de leur donner ̶ a pour effet d’effacer peu à peu les souvenirs du Monde des Lettres.

Extrait de Philémon et le château suspendu (1973).

Dans cet étrange épisode où les femmes perdent la mémoire et les hommes la retrouvent au fond d’une bouteille d’alcool qu’ils biberonnent goulûment, Fred décrète, par l’intermédiaire de Félicien, que croire et se souvenir, « c’est pareil ». Si croire au Monde des Lettres est équivalent à s’en souvenir, il faut être pleinement hanté par ce qui le compose pour pouvoir le représenter et l’animer : soit des discours, des récits, des images, des personnages, des agencements d’objets, de matières, de lettres, tous mémorisables car ayant trouvé une place précise dans ce grand Théâtre de la Mémoire que forme ce Monde dont le « A » constitue la plus remarquable topographie et le château en expansion de Barthélemy, la plus étonnante architecture. Ce Monde est un collage, non seulement d’éléments hétérogènes, de supports de qualité variable, mais aussi d’idées (dont certaines, déjà expérimentées dans Hara-Kiri : les petits métiers, le Manu-Manu), d’humeurs, de sensations... Cela dans un état d’esprit plus « surréaliste » que « dadaïste ». Plus « poétique » ̶ au sens commun : rêvé, jouant avec les mots, mettant en scène des tableaux « vivants » ̶ que « formel », même si ces mises en scène sont aussi des mises en page. Si on y introduit la notion de croyance, si on doit croire pour voir apparaître l’ombre d’un centaure, d’une licorne ou d’un criticakouatique, cela contredit le principe de transformation, de vacillation constante des repères spatiotemporels et conceptuels. Car, pour le lecteur, qui jouit de sa crédulité (peut-être un peu forcée), tout cela serait plutôt « à ne pas croire ! ».

Pour l’incrédule, c’est une autre affaire. Car lui aussi est possédé par une croyance inébranlable : il n’y a rien à effacer d’un monde qui n’est pas. En cela, il est moins dangereux pour la survie du Monde des Lettres que l’amnésique. Mais cela est tout sauf tragique. Aussi, les figures légendaires, bibliques, mythologiques ou littéraires, les configurations topographiques, les événements climatiques qui sont comme des souvenirs transposés d’écritures anciennes, sont-ils traités avec une forme d’humour, volontiers noir, souvent mélancolique, qui permet de faire pièce à l’excès de gravité que toute croyance requiert : les anges lancent des tartes à la crème et, comme le centaure Vendredi, passent des pleurs aux rires et inversement. Principe de changement humoral dans un dérèglement général du temps (mais ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de saisons et que le fond de l’air est frais que rien ne bouge). Principe de réserve : se retenir de trop en faire tout en laissant agir le burlesque, le grotesque, l’absurde.

Extrait de Philémon : Le Voyage de l’incrédule (1974).

Ce qui dit le vrai ̶ pas la vérité, mais ce qui traduit avec le plus d’exactitude et de sensibilité la singularité de l’auteur ̶ c’est le trait. S’il y a bien quelques planches ̶ très peu ̶ où il paraît affaibli (la mise en page et/ou le coloriage peuvent parfois lui jouer un mauvais tour), dans l’ensemble spontanéité et rigueur font bon ménage. Fred dit qu’il recherche la concentration et, pour cela, dessine debout. Il précise qu’il travaille assez vite mais qu’il peut prendre pas mal de temps entre deux dessins pour réfléchir, se remettre en condition, de manière à ce que cette vitesse soit nourrie de quelque chose qui échappe, tout en évitant de tomber dans des effets de geste qui pourraient être d’une grande vacuité. En cela, il est un artiste, au sens fort. Être artiste de bande dessinée, ce n’est pas s’envaser dans l’esthétisme comme l’âne dans la bave d’escargot, forçant le style, mais entretenir la concentration, mettre en tension sa carcasse d’auteur saturé de hantises, de désirs, de fureur et libérer la main rêveuse. Cela nécessite de combattre la mélancolie et donc se relever (d’où la position debout). Une fois encore, la bande dessinée fait bon ménage avec le mal de l’âme et il est heureux que l’aptitude à un bonheur simple voire simplet ne soit pas le fort des artistes (mais les artisans bienheureux ne courent pas non plus les ateliers).

Les aventures de Philémon sont des aventures du trait ̶ mais pas du trait d’esprit (ou alors sur le mode ironico-éthylique d’Érik Satie, qui disait que ses partitions étaient faites de points noirs ̶ les notes ̶ et de traits d’esprit ̶ les hampes). Pourtant Fred joue en permanence avec les mots, mais avec un rejet puissant du calembour (qu’il partage avec ses anciens camarades d’Hara-Kiri pour qui les titres du Canard enchaîné sont le comble de la vulgarité langagière). Les mots se forment par attraction entre les lettres avant même, parfois, que le sens ne surgisse (mais difficile de s’en abstraire et donc, question jeux de mots, de trier le bon grain de l’ivraie). Dans L’Île des brigadiers, Philémon rejoue sur le « A » d’« océan » l’épisode fameux d’Œdipe et du Sphinx (devenu attrape-nigaud, sorte de tapette à rat aux mœurs de scorpion).

Extrait de Philémon : L’Enfer des épouvantails (1983).

On connaît l’énigme classique posée par la bête fabuleuse (« Qui possède quatre pattes au matin, deux à midi et trois le soir ? ») et sa solution : l’homme. Mais, chez Fred, c’est la lettre et ses jambages qui donnent le « la » d’un monde fait d’encre et de papier, et non l’humain (le temps qui passe, s’il ne nie pas le vieillissement, ne le traduit pas d’une manière linéaire) ̶ et la solution devient : « hum », ce qui sonne presque « pareil » (dirait Félicien) et qui manifeste un début d’humeur teinté d’un certain scepticisme envers la production du sens (« Hum » est ici la principale variation ̶ parce que la plus minimale ? ̶ sur le thème de la présence au monde : je produis un « hum » donc je suis... un personnage de Fred).

Il n’y a pas, en ce Monde, que les mots, même insensés. Il y a aussi comme une case fêlée. Une case muette comme un miroir. Quand les habitants, la nuit, errent à la recherche du sommeil, le réparateur de miroir rôde. Un miroir ou une case peuvent non seulement se fêler, se briser mais aussi avancer ou retarder. Et refléter quelque chose du temps désarticulé. Le jeu avec les cases est une des marques de fabrique de Fred. Par principe, une case n’est jamais seule. Elle est liée à une ou plusieurs autres. Du « blanc » ̶ selon la teinte du papier ̶ sépare les cases (le plus souvent, pas toujours). Certaines possèdent un et même plusieurs envers (elles peuvent se retourner, pivoter en tous sens ; elles peuvent aussi se bloquer). Il y a celles tracées sur du papier souple et léger comme le tissu d’une robe ou d’un rideau ̶ ou, au contraire, dur et solide comme la porte d’un coffre-fort. Aller voir derrière, soulever la page, la case, pour frayer dans les dessous, c’est encore une fois passer. Dont acte : il s’en passe aussi des belles là-derrière.

Planche tirée de Philémon : L’Enfer des épouvantails (1983).

Dans les premiers épisodes, ce jeu est quasi inexistant ou très timide (à la toute fin du Piano sauvage, Barthélemy se plaint du papier ‒ qui n’est pas celui de l’album ni de la planche, mais celui de la case où il est dessiné ‒ qui gondole : il était de meilleure qualité sur le A). Puis, ça commence à se libérer dès le cinquième épisode, Simbabbad de Batbad, où les circulations d’une case à l’autre sont plus complexes, avec des changements d’échelle et des enjambements. Cet épisode est prolongé, dans l’album, par l’histoire de la fontaine de guimauve qui est un vrai festival de transgressions en tous genres sur le plan formel sous le prétexte qu’une sorcière inexpérimentée a tenté de charmer une case. On ne fera pas ici la liste de toutes les inventions frediennes, mais notons, par exemple, la page « mise en boucle » de L’Île des brigadiers où les personnages, tournant en rond, ne peuvent plus passer dans le Monde des Lettres et où le lecteur, qui aurait tout détraqué, est désigné comme coupable par Félicien. Ou encore, le brouillard de chiffres d’À l’heure du second A. À partir de l’op.12, Le Chat à neuf queues, le dynamitage des cases sera le moteur essentiel de l’invention des passages et, pour aller sur les Lettres de l’océan Atlantique, il n’y aura plus besoin d’objets magiques comme la lorgnette, le cerceau ou le coquillage : les perturbations du dispositif propre à la bande dessinée ouvriront les passages nécessaires. La page, de plus en plus trouée, jouera essentiellement avec des effets de surface (une surface mobile avec d’ingénieuses propriétés qui déroutent l’effet de cadre, rendant problématique toute représentation continue du monde, réel comme imaginaire). Cet affolement généralisé aboutira à ce que Barthélemy, réduit à l’état d’image, vulgaire papillon à deux dimensions, se retrouve accroché sur un mur de son château sur le A (dans un cadre que le vieil atrabilaire ne peut évidemment pas encadrer).

L’épisode où le puisatier devient icône a pour titre L’Enfer des épouvantails. Il fait parfois songer à Macherot (à cause du fantastique rural) ou à Ensor (pour le grotesque des visages dans la salle des sacrifices de l’enfer) ; pourtant la Belgique n’a pas d’ouverture sur l’Atlantique ; mais la Grèce ‒ les ancêtres de Fred viennent de là ‒, non plus. Dans une rivière de cette campagne très banale qui est le cadre de tous les débuts et toutes les fins des aventures de Philémon, Barthélemy, pêcheur endormi, attrape à son hameçon un étrange noyé qui s’avère être un épouvantail vivant et fort bavard (il s’exprime comme un homme à la tête pleine de paille, soit, selon Félicien, un intellectuel ‒ drôle de mot, employé dans un sens peu flatteur, inattendu, et qui reviendra plusieurs fois au cours de l’épisode). Il dit être à la recherche du paradis (de paille, comme tous les paradis) pour « y poursuivre son éternité » (« poil au nez » ajoute l’oncle « magicien » qui débarque à ce moment-là, comme par hasard). La rencontre avec cet épouvantail qui ne fait plus peur aux oiseaux conduira Philémon à traverser un enfer ‒ de papier ‒ d’où il sortira « comme d’un moulin à... prières ». Fort heureusement, la métaphysique de Fred n’est pas très sérieuse, comme sa lecture critique, politique, sociale, du monde. Mais il éprouve la nécessité d’y toucher, quitte à recycler des clichés pour ensuite les contaminer par injections de doute et d’ironie. Avec Philémon, décidément, on est souvent au bord de dépasser certaines limites, y compris d’ordre intellectuel ‒ au sens fort, cette fois : réflexif et engagé. Mais la pudeur, l’inquiétude de Fred (qu’il partage avec son rédacteur en chef à Pilote, René Goscinny), son scepticisme par crainte de devenir sentencieux, donc de laisser échapper nombre de bêtises, font qu’il se contente de les chatouiller : on ne parle qu’à mots couverts du réel dans son monde imaginaire. Aussi n’est-il ni révolutionnaire, ni réactionnaire : archaïsant juste ce qu’il faut pour projeter sur la nouveauté qu’il crée une ombre mélancolique. Le désir plus ou moins conscient de se laisser porter par les événements, de contempler de manière impassible ce qui arrive, de se laisser glisser dans les passages et non
de manifester une volonté de passer à l’acte en toute franchise, est travaillé, en permanence, par le besoin de dire, même très peu.

Extrait de Philémon : Le Voyage de l’incrédule (1974).

Et chaque lettre de ce dit trouve une place unique, singulière, dans ces quelque six cents pages et des poussières où se joue une partition de mondes où agrégations et désagrégations font sonner une drôle de musique. Pas purement vocale, faite de grommellements de taiseux bavards (un comble), mais formée par exemple par la rencontre, sur une table de mixage, du son du canassoncanon et du bruit des pages qu’on soulève délicatement pour aller en explorer les dessous. La musique qui collerait le mieux à Philémon ne serait probablement pas une petite chanson (même de Jacques Dutronc). Ce devrait être quelque chose de bien plus « savant » (mais brut, dénué d’afféteries), de polyphonique, où, quelle qu’en soit l’épaisseur dynamique, l’on percevrait le moindre son, le moindre souffle, le moindre ronflement, le moindre « hum », même de très faible intensité, et où des conglomérats de notes se transformeraient et dissoneraient sans cesse jusqu’à retrouver, au terme de ces évolutions, une forme d’apaisement : un labyrinthe harmonique sur lequel se grefferaient des souvenirs de mélodies anciennes, modales (un peu comme chez Xenakis).

Loin d’être refermée sur elle-même, l’œuvre de Fred ouvre sur plus transgressif quelle, c’est ce qui fait sa force. Par ce que son trait dévoile comme par ce qu’il retient, sensiblement, il nous transporte du côté des émotions. Le non-dit qui affleure et parfois déborde les cadres de ses bandes peut faire naître des vocations de trousseurs de papier. En cela, il est vraiment un passeur. Aussi, devenus aujourd’hui plus âgés, tel l’enfant Manu-Manu dans Le Chat à neuf queues, ses premiers lecteurs garderont toujours une place de choix pour ses ouvrages dans leur bibliothèque, comme dans leur mémoire (celle des lectures d’enfance pouvant passer d’assez nombreux automnes sans devoir tomber) et continueront de célébrer cet auteur singulièrement mélancolique qui sait innover mais aussi placer quand il le faut une larme, discrète, à l’œil de créatures mal embouchées, bougonnes, mais au fond terriblement sentimentales.

Christian Rosset

Cet article a paru dans Neuvième Art, No.15, janvier 2009, p. 42-47.

Extrait de Philémon et le naufragé du "A" (1972).